MOOK. Petit changement pour le nouveau Métal hurlant : le magazine arrête (pour l’instant ?) l’alternance jusque-là en vigueur entre numéros vintage proposant des récits parus dans le Métal Hurlant de l’époque et numéros proposant du matériel nouveau, inédit. On retrouve donc de nouveau, dans ce numéro 10, des auteurs contemporains (Chabouté, Munuera, Marazano, Margerin, Revel ou Panaccione, pour n’en citer que quelques-uns) qui ont dû plancher sur ce fameux grain de sable qui vient se mettre dans la machine et qui fait tout foirer…Et ils ont été inspirés ! Pisarev notamment que l’on est content de retrouver ici avec 3 jours en septembre, un récit inquiétant (dans le fond et la forme, grâce, notamment, à ces plans de visage rapprochés) qui suit les recherches d’un scientifique sur une machine antigravitationnelle et semble revivre inlassablement la même journée à quelques détails près…Panaccione aussi, présent pour la première fois dans les pages de Métal et qui fait de nouveau étalage de tout son talent avec un récit fantastique surprenant, en auteur complet, qui commence dans un appartement parisien avec vue mer…Et en tant que scénariste dans un autre récit (Happy Death) dessiné par Zaghi. Chabouté est aussi de la partie avec une histoire en noir et blanc (logique, c’est sa signature graphique !), absurde et sarcastique, qui propose, pour une fois (ses récits sont plutôt taiseux d’habitude…), beaucoup de texte mais toujours le même…De leur côté, Lapone et Peyraud nous convient à une plongée dans la folie douce, celle d’une femme qui ne retrouve plus sa voiture, ni sa maison et à qui un policier affirme enfin, contrairement à ce qu’elle lui a dit, qu’elle n’a pas de mari qui s’appelle Steve…Citons aussi une belle découverte : celle de Joseph Falzon, qui propose un récit grinçant, Life+, qui nous parle de la manipulation à laquelle on est tous les jours exposés mais aussi de ceux qui se proposent de nous en protéger…Sombre !
Mais on retrouve, bien sûr, aussi, les rubriques habituelles (le mange livres ou le vidéo club), des articles (sur la romancière Marina Enriquez, par exemple), des interviews (notamment d’Alan Moore, réalisée en 2020 mais jamais publiée, dans laquelle l’écrivain anglais revient sur la censure dans l’industrie du comics américain) ou une nouvelle de Richard Marazano (que l’on connaît aussi comme scénariste de BD…). Bref, il y a de nouveau de quoi faire avec ce numéro 10 une nouvelle fois bien épais et indispensable !
(Mook, 274 pages – Les Humanoïdes Associés)