MOOK. Quelle magnifique idée, quand même, d’avoir décidé d’alterner numéros proposant récits signés par des auteurs actuels et numéros vintage permettant de (re)découvrir les histoires sorties dans le Métal Hurlant de la grande époque et ainsi d’instaurer un dialogue graphique et narratif entre passé et présent ! Si vous avez bien suivi, ce nouveau numéro, le 4, déjà!, est donc un numéro vintage qui remet un coup de projecteur sur des récits parus entre 1976 et 1984. Un cocktail parfait qui mêle habitués de la maison (Druillet, avec Vuzz et Les Aventures d’Yrris, dessiné par Alexis ; Jean-Michel Nicollet avec Monsieur ; Moebius avec l’excellent et célèbre L’Homme est-il bon ? ou Dionnet que l’on retrouve ici avec Bilal pour l’iconique Exterminateur 17), auteurs devenus par la suite des légendes du neuvième art (Mézières avec Retour à la nature ; Chaland, avec Sans Titre ; Loustal qui signe ici L’Homme de sable avec Paringaux ; Serge Clerc avec Au-delà des étoiles ou encore François Schuiten, avec La Crevasse, cosigné avec son frère Luc), mais aussi quelques surprises : Margerin, mais oui le Margerin qui signera plus tard les aventures de Lucien…et que l’on est étonné de retrouver ici avec un récit de SF inspiré par Flash Gordon qui s’intitule La Conquête de Pluton… ; les premiers pas de Philippe Gauckler (qui a récemment signé Kebek, hommage à La Nuit des temps de Barjavel, dont on apprend dans ce numéro que l’auteur a voulu l’adapter en BD depuis ses tout débuts…) dans le monde de la BD ou encore Carlos Gimenez (l’auteur de Paracuellos, récit autobiographique dans lequel il raconte son enfance dans l’Espagne franquiste) dont on découvre ici qu’il a signé un paquet de récits de SF dont ce Paradise Lost, écrit par Mora, récit désenchanté au noir et blanc magnifique. Des récits qui sont, comme à l’accoutumée, précédés d’une introduction (elles sont signées Ecken ou Quillien) les replaçant dans le contexte de l’époque. Ce que l’on aime beaucoup aussi dans ces numéros vintage, ce sont les longues interviews de figures de l’âge d’or de Métal Hurlant qu’ils proposent (ici de Druillet et Nicollet) ainsi que les articles revenant sur l’histoire du magazine qui nous livrent anecdotes, faits méconnus et nous donnent accès aux coulisses de la création de Métal Hurlant : visiblement un beau bordel au niveau organisationnel (ses fondateurs n’avaient aucune expérience de l’édition avant…), des finances hasardeuses mais une liberté et une inventivité graphiques et narratives incroyables (Dionnet voulait du nouveau, du provocant, du punk, voilà pourquoi il a souvent invité Caro, par exemple, dans les pages de son magazine…) qui ont permis à nombre d’auteurs d’expérimenter et de devenir qui ils sont devenus par la suite. Un très bon cru, une nouvelle fois !
(Mook, 290 pages – Les Humanoïdes Associés)