Une démonstration ! Voilà ce qu’est ce nouveau livre de Guillaume Bouzard ! Ni plus ni moins. Dans un genre –le comique- assez casse-gueule en bande dessinée, il démontre ici toute l’incroyable inventivité (comme dans “De la mondialisation dans la bande dessinée”, récit dans lequel un vrai dessin dont l’encre a bavé se retrouve au centre de l’intrigue), toute la maîtrise des ressorts comiques et toute l’originalité dont il est capable.
C’est un rigolo, ce Bouzard, on le sait depuis quelques temps déjà, notamment depuis “The Autobiography Of A Mitroll” où il tournait l’autobio (en vogue alors) en ridicule, mais qui fait dans ce recueil d’histoires courtes auparavant parues dans Fluide Glacial, le magazine, feu de tout bois. Il s’y met en scène et raconte la “vraie vie” d’un auteur de bande dessinée : le peu de reconnaissance du métier (dans son village, on l’appelle “l’aut’ feignasse”), les relations avec les éditeurs (souvent des “branques” qui, tout en relisant à 4, n’arrivent pas à repérer qu’une page était en double avant d’imprimer), les mystères de l’inspiration (en cas de souci, un seul secret : s’aérer l’esprit) ou ses petites marottes (comme collectionner et classer les prospectus, que dis-je, les I.S.A., les imprimés sans adresse…).
Et que les histoires fassent un strip ou plusieurs pages, le résultat est le même : ce recueil est tout simplement un pur régal. Alors, bien sûr, sur le lot (il y en a tout de même 25), il y a bien 1 ou 2 récits un poil moins réussis, mais le plus souvent ils sont méchamment drôles et 3 ou 4 histoires (comme “Internet peut rendre fou”, “Campagne pour les municipales” ou “S’aimer, s’accepter”), absolument hilarantes, frisent carrément le génie comique. Tout y passe : l’autodérision, bien entendu, l’auto-flagellation, la fanfaronnade -qui donne lieu à quelques répliques énormes, comme par exemple quand il dit en parlant de lui-même : “Parfois, les créateurs frôlent le génie et le sentent…”-, l’absurde, la caricature…Le tout mis en scène par le “dessin de beatnick” de Bouzard qui sert le propos à merveille : mettant le doigt où ça fait mal ici, proposant des mimiques impayables là ou mettant en exergue le détail qui tue ailleurs et servi par un sens de la réplique tout simplement brillant. Totalement indispensable pour vos zygomatiques !
(Recueil d’histoires courtes – Fluide Glacial)