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MON PERE, CET ENFER (Dandro)

BD. Jusque là Travis Dandro ne faisait que des strips humoristiques (de sa série Mr Gnou) paraissant dans des journaux américains. Et puis, en 2014, sa vie bascule. Son enfance revient le hanter, violemment, et il est pris dans la tourmente de la dépression. Il consulte un psychologue mais cela ne fonctionne pas vraiment. Alors il se met à dessiner, la nuit, puisque de toutes façons, pris d’angoisses, il ne parvient pas à dormir. Et raconte cette enfance, d’un garçon normal, bientôt inquiétée et menacée par son père biologique qui revient dans sa vie. Papa Dave qui se drogue et se montre imprévisible et violent. Envers lui mais aussi envers sa mère. Pour la tenir à distance et l’exorciser. D’un trait simple et direct mais sombre car Dandro utilise beaucoup les hachures en guise de mise en couleur. Et assez étouffant, l’auteur ne laissant aucun espace entre les cases. Il raconte le quotidien banal d’un petit américain qui va à l’école, joue ou rend visite à ses grand-parents mais au-dessus duquel plane, quasiment constamment, une menace. Celle de ce père, totalement instable. Qu’il surprend un jour une seringue dans le bras alors qu’il n’a que 6 ans. Capable de lui acheter une Camaro de 78 le jour où il obtient son permis mais aussi de le traiter de minable et de le frapper. Sans parler des crises de paranoïa qui peuvent l’envahir la nuit et qui le poussent à débarquer dans la chambre de son fils un couteau à la main…Une menace qui peut fondre sur lui et sa famille à tout moment. Ce qui les oblige à fuir, plusieurs fois, ce père effrayant, pour s’en protéger. Un père qu’il ne juge pourtant pas ici, montrant même de la compassion pour ce géniteur hanté par des fantômes (il se sentait responsable du suicide de son frère à l’âge de 18 ans) trop forts pour lui. Difficile de ne pas être touché par cette histoire poignante à la narration atypique, très intuitive, qui mêle passages contemplatifs, presque poétiques (les cases se concentrent alors sur la nature ou les maisons) et scènes d’une grande violence. Un récit coup de poing !

(Récit complet, 464 pages – Gallimard)

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