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MORT AUX CONS (Corbeyran/Saint-Georges)

BD. Un soir qu’il comate, coupable, devant des conneries à la télé, Ben se fait méchamment griffer par la chatte de la voisine qui était entrée par le balcon et qu’il était en train de caresser. Furieux, il balance l’animal par la fenêtre, du quatrième étage. Ce geste est une véritable révélation : la mort de l’animal va en effet engendrer une gentillesse, une bienveillance chez les résidents de l’immeuble qui avait disparu depuis bien longtemps. Et si Ben essayait de rééditer ce geste -tuer d’autres animaux domestiques, des chiens en promenade, par exemple- pour obtenir le même résultat à l’échelon du quartier ? Cela fonctionnerait mais le problème vient-il vraiment des animaux ? Ne vient-il pas plutôt de leurs maîtres qui font parfois preuve d’une belle connerie ? Du coup, c’est plutôt à eux qu’il faudrait s’en prendre pour que le monde aille mieux…

Qu’est-ce qu’un con ? Quelqu’un qui a du pouvoir et l’utilise pour écraser les autres ? Sûrement. Du coup, cela aurait un rapport avec l’uniforme car ceux qui en portent ont souvent une attitude de petit chef…Mais attention, le con n’est pas bête car il sait très bien ce qu’il fait. Pourtant, ce n’est pas une crapule non plus car il est persuadé d’avoir raison et n‘a pas conscience des conséquences de son geste…Voici quelques-unes des réflexions que Ben livre alors qu’il tente de théoriser la connerie. Car pour continuer à tuer, il lui faut une théorie qui justifie ses gestes…Voilà pourquoi on philosophe (Ben donc mais aussi le commissaire Marie qui a pris l’habitude de lui rendre visite pour lui poser des questions depuis la mort de sa femme Christine -à force de mettre la pression sur Ben pour qu’il trouve un travail stable elle était devenue conne…) beaucoup sur la connerie et les cons dans Mort aux cons, un roman graphique sombre et cynique, à l’humour noir, forcément, adaptation très réussie du roman de Carl Aderhold. Sorte de version radicale et sanglante du Dîner de cons de Francis Weber, portée par un travail graphique enthousiasmant. Pour sa première BD, Saint-Georges livre en effet un dessin aux petits oignons, en couleurs directes, des lavis, encré par endroits seulement (contour du visage, haut du corps et mains, le plus souvent) pour lui donner plus de lisibilité. Agréable à l’œil, il croque surtout parfaitement (on n’est parfois pas très loin de la caricature) toute la brochette de personnages que Corbeyran, ici convaincant, lui a concocté.

Sujet original, adaptation inspirée, dessin qui a de la personnalité : si vous aimez le politiquement incorrect, ce livre est pour vous !

(Récit complet, 136 pages – Jungle RamDam)

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