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MORT ET VIF (Hautot/Prudhomme)

Philippe Moline, dit Flip, débauche de chez Deleter. Comme tous les soirs, il ressort les poches pleines de clés à sardines, qu’il utilise pour construire une Tour Eiffel géante pour sa chérie, Pat. Qui l’appelle justement ce soir-là pour lui annoncer qu’elle le quitte. Le lendemain, après une nuit passée à boire pour oublier son chagrin, Flip ne descend pas du bus pour aller à l’usine. Perdu, angoissé, seul, il commence à errer. Dans les rues, puis dans la montagne, après qu’il ait rencontré Trashy, qui lui a proposé de l’emmener respirer le bon air frais pour lui changer les idées…

La zone de notre cerveau dédiée à la bd a nécessairement gardé en mémoire Rébétiko ou Vive la marée ! Du coup, quand Prudhomme sort un nouveau récit, il n’est pas question de le manquer. Pourtant, cette fois, Mort et vif laisse une impression mitigée. Car l’intrigue, un peu simpliste (un patron d’usine sans scrupules, le fameux Deleter, vend machines et matériel sans prévenir ses ouvriers qui découvrent les locaux vides et leurs lettres de licenciement un beau matin et partent ensuite à sa recherche pour lui demander des comptes, tombant par hasard sur Flip en perdition) peine à tenir en haleine. Critique, elle pointe, c’est vrai, du doigt une pratique dramatique trop répandue ces dernières années mais trop caricaturale, elle ne parvient pas à vraiment faire entrer le lecteur dans le livre. Reste le travail graphique de Prudhomme, très intéressant. Atypique et osé, il vise à recréer visuellement ce que Flip le bien surnommé peut ressentir. Hachures omniprésentes, aplats de noir, corps du héros très schématique (tout noir avec des yeux rouges il ressemble à un spectre) qui mettent en exergue ses angoisses de solitude et de mort ; cases entremêlées se confondant les unes avec les autres qui soulignent la perte de repères et la confusion : on vit véritablement tous ces événements de l’intérieur du crâne de Flip, dans une sorte de parenthèse hallucinée totalement paranoïaque engendrée par notre société aliénante. De ce point de vue là, Mort et vif tient ses promesses.

(Récit complet – Futuropolis)