Depuis leur premier album, « pétrole », sorti aussi chez A Tant Rêver du Roi, le trio de Jarnac avait imposer sa signature : un de ces groupes modernes pour qui les règles sont faites pour êtres retournées, les traditions manipulées, et les références bafouées. Mr Protector, c’est un peu Sarkozy citant Jaurès, ou Manuel Valls se prétendant de gauche. Non, pas que le trio se classe chez les usurpateurs (loin de moi cette idée), mais il se permet bien toutes les pirouettes stylistiques.
Et si ce nouvel album est en tout point supérieur à son prédécesseur, on y retrouve bien cette envie de toucher à tout. Le propos semble se recentrer sur un noise rock gras, technique et frontal, mais le groupe n’en oublie pas pour autant l’indie rock, le metal, le stoner, le blues, ou malheureusement la fusion.
Il faut avouer que ces sales gosses sont à l’aise dans tous les domaines explorés, techniquement inattaquables. On y retrouve les premiers pas de Don Caballero ici, les respirations de Slint ou de June of 44 là, une touche de Sicbay, de Refused ou même de Rage Against The Machine. Difficile de s’y retrouver, donc, et de tout aimer, mais il faut avouer que Mr Protector s’est appliqué. Le niveau est élevé. Tom Bodlin (Cafe Flesh) est venu prêter main forte sur « Skinny the Universe » (au chant) et « Don Benito » (au saxo), ajoutant encore à la qualité du disque. On retrouve aussi Laurent Paradot (Gatechien/Headcases) et Pierre Louis François (Headcases) sur deux morceaux. Reste à ne pas prendre peur devant cette pochette aussi belle qu’abusive !
Zeit und Raum
Grabstein