Après la mort de Tabsié, Dame Maélisse est la dernière appeleuse du clan du Lierre. Elle seule connaît désormais le secret du mélange de plantes qui permet d’attirer les escargots, dont les ressources qu’ils procurent est la base de la vie du clan, au village. Ainsi a-t-elle décidé d’emmener un peu plus tôt que prévu Neska, sa fille, avec elle dans la zone interdite pour la former. Mais alors qu’elles viennent tout juste d’y pénétrer, un Immense les aperçoit et emmène avec lui l’appeleuse…
On avait eu un coup de cœur pour la première bande dessinée de Louise Joor, l’excellent Kanopé, et on était curieux de voir dans quel univers elle allait ensuite nous emmenait ! Mais pour tout dire on se doutait que la conscience écologique qui imprégnait l’histoire (Kanopé se passe en 2137 sur une Terre devenue invivable car les ressources naturelles, faute d’avoir pris les décisions nécessaires, se sont taries) ne disparaîtrait pas comme ça ! Et si l’univers de Neska est différent de celui de Kanopé (par exemple, les humains, pour l’instant en tout cas, ne sont que des personnages très secondaires de cette nouvelle série), il y a bien sûr nombre de points communs entre les 2 récits. A commencer par cette volonté de placer les personnages au centre de la nature, de montrer qu’ils dépendent d’elle pour vivre et qu’une solidarité, une entente entre les peuples (comme le clan des Ronces, le peuple coccinelle ou le clan du Rocher, entre autres) est nécessaire pour pouvoir vivre en harmonie avec son environnement. Ces escargots qui abandonnent le clan du Lierre ne sont qu’une métaphore pour rappeler que nombre d’espèces animales disparaissent chaque année à cause de la pollution ou de l’activité humaine (l’auteure a d’ailleurs dédié cet album à un petit escargot de Malaisie et au perce-oreille de Sainte-Hélène, le plus grand au monde, qui se sont éteints en 2014 suite à la dégradation de leur habitat par l’Homme) ou que nous épuisons, sans discernement, les ressources que la Terre nous offre.
Neska, davantage grand public, est pour l’instant clairement un ton en dessous de Kanopé mais cette sorte de Microcosmos imaginaire et fantastique possède son petit charme (malgré un côté pédago un brin trop appuyé) et Le marché des coccinelles est un tome d’ouverture plutôt prometteur puisqu’il suggère astucieusement plusieurs pistes (les Immenses, entendez les hommes, vont-ils jouer un rôle plus important dans la suite de la série ? Comment sont apparues ces mini-créatures mi-insectes mi-humaines ? Dame Maélisse est-elle encore vivante ? Et quid des différents clans : vont-ils réussir à s’allier et à s’entendre ? Sans parler du don de Neska…) que Joor va explorer…ou pas. Bref, on a bien envie de savoir comment la jeune auteure va développer son univers dans les prochains épisodes.
(Série – Delcourt)