La question que l’on se pose toujours quand on aborde un nouvel album de notre australien préféré c’est à quel Nick Cave on va avoir droit : au Nick Cave rock, que l’on n’a plus croisé depuis un certain temps, c’est vrai (depuis Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus en fait, double album sorti en 2004), ou au Nick Cave plus intimiste, version crooner mélancolique et désenchanté. Réponse pour ce Skeleton Tree entouré de beaucoup de mystère (rien ou quasiment n’avait filtré avant la sortie du film, retraçant la genèse de ces morceaux, réalisé par Andrew Dominik et sorti sur les écrans en même temps que l’album) ? La deuxième proposition madame. Mais cette fois ce sont les circonstances qui ont conduit naturellement à cela puisque Nick Cave a composé (épaulé, comme d’habitude, par Warren Ellis) ces titres en hommage à son jeune fils (il avait 15 ans) décédé l’an dernier dans des conditions tragiques (il a chuté d’une falaise non loin de Brighton, où il vivait avec sa famille).
Un hommage très sobre, vous vous en doutez. Musicalement, Skeleton Tree est clairement dans la lignée de son prédécesseur, le très réussi Push The Sky Away, 8 morceaux sur lesquels on sent cependant davantage l’influence du travail d’Ellis et Cave pour leurs BO de films. En effet, ils s’éloignent ici sensiblement du format chanson pour davantage se rapprocher de pièces musicales qui mêlent notes de piano éparses, grondements de basse, touches de synthé menaçant ou crissements de cordes créant des ambiances tristes à pleurer sur lesquelles la voix de Cave, tantôt parlé, tantôt chuchoté, tantôt chanté, mais très mise en avant, vient se poser. Une voix qui vit les morceaux. Les habite véritablement. Et scande sa poésie sombre. Plus intensément que jamais. Cela ne suffit pas toujours pour que la magie opère mais c’est le cas sur quelques morceaux très touchants comme Girl In Amber, entouré de cordes dépressives et de chœurs plaintifs ou I Need You.
Austère, sombre, l’album est, au final, assez proche du travail pour le film Loin des hommes, notamment dans son dépouillement. Et si Skeleton Tree est clairement un cran en dessous de Push The Sky Away, il propose de beaux moments et sa genèse en fait bien entendu un album à part dans la discographie de Nick Cave.
(Album – Kobalt)