BD. Chaque matin, un fermier sortait à la recherche de sa fille, enlevée il y a quelques mois, déjà, de cela. Un jour, il tomba non pas sur Fraya mais sur une autre enfant aux cheveux blancs qui semblait sortir tout droit du lac. L’homme décida de la ramener chez lui et de la recueillir. Malgré l’amulette qu’elle portait à son cou, dont il se débarrassa rapidement d’ailleurs, et malgré les doutes de sa femme…Quelques années plus tard, au beau milieu de la nuit, un corbeau vint toquer de son bec à la fenêtre de la chambre de la fille que le fermier avait prénommée Anna. Sur le rebord, il déposa son ancienne amulette…
Aldara Prado : bien sûr que ce nom vous dit quelque chose ! Et pour cause : Aldara est la fille de Miguelanxo Prado, auteur espagnol incontournable à qui l’on doit Ardalen, Le Triskel volé ou la série Proies faciles. Après avoir travaillé comme illustratrice de littérature jeunesse, elle sort, avec Nimuë, sa première bande dessinée. Une relecture de la légende arthurienne, assez peu connue, de La Dame du lac dans laquelle elle montre déjà beaucoup de qualités. A commencer par sa narration, fluide et maitrisée, dans laquelle elle insère rêves et flash-back qui nous font progressivement découvrir qui est véritablement Anna. Le travail graphique n’est pas en reste, avec ce dessin au trait précis et aux décors (pour lesquels elle a parfois recours à la peinture pour ajouter de la matière) soignés qui propose, ici ou là, quelques dessins pleine page spectaculaires et souligne parfaitement l’instabilité et l’atmosphère menaçante qui règnent dans Nimuë. Enfin, le récit se démarque des romans graphiques traitant des légendes arthuriennes habituels en brouillant les pistes. Et si Brocéliande, Avalon, Excalibur ou le poisson Silvur sont là, fidèles au rendez-vous, Aldara Prado fait, par contre, de la fée Morgane une intrigante et de Merlin un traitre qui enlève des jeunes filles pour les asservir…De véritables menaces pour l’équilibre entre les mondes : nature, Avalon et humains. Une fable qui ne manque pas de souffle !
(Récit complet, 104 pages – Casterman)