Armé du bâton des Dieux et juché sur le dos de son ours, l’enfant noir arrive juste à temps pour tuer les monstres géants qui s’apprêtaient à emmener les derniers membres de la tribu dans les profondeurs du lac salé. Mais le sauveur n’a pas vraiment le temps de profiter de son exploit : il faut rapidement quitter le territoire des poulpes géants. Alors qu’ils sont en chemin, les membres de la tribu commencent cependant à mourir un à un : c’est la viande des monstres, irradiée, qui brillait dans leur ventre, qui est en train de tous les tuer. Peut-être que s’ils arrivent à Niourk, les Dieux pourront alors les guérir…
“Niourk” est certainement le roman le plus connu de Stefan Wül. Il est aussi la figure de proue du grand projet d’Ankama d’adapter toute l’œuvre de l’auteur de science-fiction français en bandes dessinées. Avec Vatine aux commandes en auteur complet, il est en effet, pour l’instant, le triptyque le plus réussi de la collection. Certainement parce que la matière originel était des plus intéressantes. Un récit post-apocalyptique qui raconte la confrontation improbable entre tribus de néo-néanderthaliens (des humains revenus à un stade primitif), hommes ayant conservé intelligence et progrès techniques et poulpes géants génétiquement modifiés. Et qui mêle conscience écologique (avec une charge en bonne et due forme contre le nucléaire), critique des dérives scientifiques de certains apprentis Dieux et réflexion sur le devenir de l’Humanité avec une force de persuasion assez flippante.
Mais aussi parce que Vatine livre ici une très belle partition narrative –le récit est fluide et est régulièrement relancé par un nouveau rebondissement ou une surprise scénaristique (dans ce tome 2, l’apparition, par exemple, d’un engin spatial au beau milieu de cette Amérique redevenue préhistorique)- et graphique avec un travail tout simplement parfait et quelques dessins pleines pages possédant une grande force d’évocation, comme l’apparition soudaine d’une statue de la liberté recouverte de végétation et dont la torche est maintenant prolongée d’une antenne parabolique. Un régal d’adaptation dont on attend la fin avec une vraie impatience.
(Triptyque – Ankama)