ALBUM. A nouveau éparpillé à travers le monde (Berlin, Copenhague, Paris), le trio américano-français No Nebraska trouve tout de même le temps et l’énergie de nous sortir un nouvel album. Sous la houlette d’un général japonais qui s’affiche fièrement sur la pochette, mais dont j’ignore l’identité, le groupe nous revient en pleine forme bien que légèrement transformé. La clarinette-basse est toujours au centre de la personnalité du groupe, mais nous avons pour la première fois le droit à un son plus travaillé. L’ensemble reste toujours très brut (peut-être trop?), mais le groupe semble enfin être sorti de sa salle de répète pour enregistrer. Bien en leur fasse. Musicalement, on voit une nette progression du chant qui prend dorénavant une place non négligeable dans les compos, et ce pour notre plus grand plaisir. D’autant plus que ce dernier, bien qu’imparfait et fragile par moment, amène une nouvelle sensibilité aux morceaux. Et si No Nebraska continue de développer une musique positive et entraînante, ce « generalisation » laisse entrevoir une facette plus complexe qu’à l’accoutumé. Les influences reconnues depuis le début du groupe (Fugazi, The Ex) restent de mise, mais le groupe ouvre son répertoire à des titres définitivement plus pop. Et c’est ainsi que Some Town of Sharing Shark peut rappeler la douceur aigre-douce des excellents mais sous-estimés Smart Went Crazy (Dischord). No Nebraska consolide ici son univers (batterie directe, guitare typée Fugazi, clarinette-basse profonde), évitant les détours superflus des précédents disques, mais en y ajoutant une certaine mélancolie que nous ne leur connaissions pas. Etonnamment, cette alchimie contre nature mêlant énergie sautillante et mélancolie pop, prend et ces dix titres, même s’ils n’atteignent pas le sans faute, sont à nouveau une réussite pour le trio foutraque. Tant mieux.
(autoproduction)