BD. Christian de Metter, on le sait, a l’art du contre-pied. Une grande qualité quand on est auteur et que le polar est un genre que l’on vénère. Il en fait une nouvelle fois la démonstration avec cette saison 2 de Nobody qui s’avère aussi haletante que la première. Car quand cet épisode 2 commence, point de Gloria, la jeune fille qui a été kidnappée avant de réussir à s’enfuir ni de ses ravisseurs qui sont à sa recherche. Non, de Metter introduit, de prime abord, de nouveaux personnages à son intrigue: les frères Alestra, des jumeaux footballeurs qui font le bonheur des 2 clubs ennemis de la capitale, la Lazio et la Roma. Enfin, surtout Vittorio, qui s’est mis, comme un grand, dans un sacré pétrin. Il n’a pas trouvé mieux que de jouer à la place de son frère un match de coupe d’Europe (au cours duquel il marqua un hat trick et qualifia « son » équipe…) pour que le président de Santino ne découvre pas qu’il a fait une overdose et est entré dans le plus grand secret dans une clinique de désintoxication. Sauf que quelqu’un s’est aperçu de la supercherie et le fait chanter…
Quel rapport entre l’affaire Gloria Strozzi et les frères Alestra? Eh bien voilà un autre mystère qui vient s’ajouter à ceux que de Metter avait déjà savamment entretenu jusqu’ici (le rôle, pas vraiment clair, que le commissaire Sordi joue dans cette affaire; les réelles motivations des commanditaires du kidnapping, Lotta Rossa, un groupe révolutionnaire qui dit agir contre l’état fasciste capitaliste ou la présence de Pears, un américain spécialiste des négociations avec les ravisseurs qui a accepté, comme par hasard, d’apporter son aide dans l’affaire Strozzi. Sans parler du berger…) et qui complexifie un peu plus l’intrigue, parfaitement construite, de cette saison 2 dont il faudra attendre le dénouement (comme tout bon roman noir qui se respecte…), avec la sortie de l’épisode 3, Le Berger, pour en découvrir les clés.
Du grand Art, bien noir, que cette histoire se déroulant dans les années de plomb italiennes mis en images avec toujours autant d’inspiration, avec ce trait nerveux rehaussé d’ombres charbonneuses et de couleurs blafardes.
(Seconde saison en 3 épisodes de 104 pages – Noctambule)