Le lieutenant Vialatte et le commandant Janvier poursuivent leur enquête sur les meurtres, non encore élucidés, de jeunes femmes sur la ligne de front. Une visite à la mère de Jolicoeur et un aller-retour à Soulac, à la forge de Peyrac, leur permettent d’en apprendre davantage sur la vie des 2 hommes (les raisons qui ont mené le jeune homme en prison et la découverte de l’adultère de sa femme par Peyrac, notamment) avant qu’ils ne rejoignent la guerre mais rien qui n’éclaircisse totalement le mystère de ces homicides épouvantables. Il reste cependant une dernière chance : la proposition de la croix rouge d’échanger des prisonniers invalides ou psychologiquement touchés a été acceptée par les 2 camps. Peyrac, qui rentre dans ce cadre, devrait ainsi revenir en France. Il pourrait peut-être, alors, éclairer les zones d’ombre qui persistent. Mais tandis que l’opération doit avoir lieu sous peu, Vialatte reçoit un dernier ordre de mission : retourner sur le front pour diriger une compagnie de blindés afin d’avoir la position la plus avantageuse possible une fois l’armistice signée…
Après les 3 premières complaintes, voici donc venu le temps du requiem final. Un dernier épisode qui clôt la série de la façon la plus sombre, la plus désenchantée, mais aussi la plus lucide qui soit : non, la guerre n’a rien d ‘héroïque, de brave ou de vertueux. Elle n’est que mensonge, gâchis et mal ! Et si certains lecteurs avaient, comme Vialatte au début des hostilités, une vision romantique et patriotique de la guerre avant de commencer « Notre mère la guerre », je doute qu’ils soient dans le même état d’esprit une fois sa lecture achevée. Car Kris et Maël scandent cette dernière prière avec toujours autant de force dans les mots et d’expressivité dans les dessins, mettant en exergue, avec conviction et talent, les deuils des uns (les mères, les frères, les épouses) et les blessures éternelles des autres (allant de la perte de membres jusqu’à la folie), dans une partition sans fausse note du début à la fin. En effet, non contents de livrer un « Plus jamais ça ! » ô combien poignant et réussi, en démontrant toute l’absurdité et l’injustice de cette guerre et de toutes les guerres, les 2 auteurs bouclent aussi la boucle narrative avec brio, proposant une résolution tout à fait convaincante du mystère de ces meurtres. Une série tout simplement brillante, de celles qui laissent une empreinte durable dans les mémoires.
(Série en 4 tomes – Futuropolis)