Un jeune homme à tête de chien qui passe son temps à glander, entre jeux vidéo sur sa console, à la maison, et visites au pub irlandais du coin à descendre des verres de Jack. Une vie monotone et répétitive, passée à ne rien faire, parfois interrompue par les coups de téléphone de son père qui lui demande de venir voir sa mère à l’hôpital. Boris a toujours reculé ce moment fatidique mais devant l’insistance de son père, il s’exécute. Enfin presque, car arrivé devant l’entrée du centre hospitalier, il s’arrête net, comme figé, et va finalement s’asseoir sur un banc, non loin de là, pou y boire des bières…
Il fait un drôle d’effet ce récit avec sa façon d’avancer masqué et de vous tomber dessus au moment où vous vous y attendez le moins. C’est vrai quoi, avec son dessin animalier (il y a des chiens mais aussi des oiseaux, des cochons ou des ours) naïf et rigolo qui nous parle d’adulescents qui passent leur temps à zoner et à picoler, difficile d’imaginer que la mort rôde ici. Comme dans la vraie vie, me direz-vous ? Oui, il y a de ça. Et l’on se retrouve effaré, tout comme le héros d’ailleurs, quand après des scènes inoffensives, et peu passionnantes, de jeux vidéo ou de bitures entre copains, c’est un corps décharné, dévoré par le crabe, qui rapplique sous nos yeux.
C’est toute la singularité de ce récit autobiographique (prévu en 3 tomes, la dernière partie sortira en mai) qui voit Boris Mirroir se mettre en scène pour mieux regarder (forcément avec un tel nom…), sans concession, l’égocentrisme et la lâcheté, peut-être pour enfin les affronter et pouvoir se regarder dans une glace, dont il a fait preuve face à la maladie de sa mère. Une drôle de catharsis, inattendue et très personnelle, dont on est curieux de lire la fin.
(Triptyque – CFSL Ink)