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NOUS ETIONS LES ENNEMIS (Takei, avec Scott et Eisinger/Becker)

BD. George a 4 ans quand des militaires armés viennent frapper à la porte de sa maison à Los Angeles pour lui demander, ainsi qu’à sa famille, de quitter leur domicile sur le champ. Nous sommes en 1942 et en vertu du décret 9066 signé par le président Roosevelt, les américains d’origine japonaise, jugés dangereux depuis l’attaque de Pearl Harbor par les japonais, doivent être internés dans des camps jusqu’à nouvel ordre…George Takei, ses parents, son frère et sa sœur y resteront 4 ans comme la plupart des 120 000 nippo-américains raflés au début de la guerre ! Un épisode qui marqua profondément George et qui influença son parcours d’adulte. En effet, notre homme n’eut de cesse d’ensuite utiliser sa célébrité pour parler, à chaque fois qu’il en avait l’occasion, de ce chapitre noir de l’histoire américaine et pour laver l’honneur de tous ces américains, sali parce qu’ils avaient un faciès asiatique…

Si l’on parle de célébrité, c’est que George Takei est devenu, un peu plus tard, l’un des acteurs vedettes de Star Trek. Mais oui, Sulu, le capitaine de l’Enterprise, c’est lui ! Et si dans ce récit autobiographique, porté par le dessin manga d’Harmony Becker, l’acteur replonge dans ses souvenirs pour que l’on n’oublie pas le calvaire (il revient, notamment, sur les brimades qu’ils subirent, notamment de la part de la population…, la confiscation de leurs biens, le gel de leurs comptes en banque ou les conditions de vie difficiles dans les camps d’internement) vécu par ces nippo-américains, il dédie une partie importante du roman graphique aux combats que cette expérience lui a donné envie de mener par la suite. En faveur de sa communauté, pour que l’injustice soit réparée (en 1988, Reagan s’excusa au nom de l’Amérique, pour cette terrible erreur et signa un décret accordant une réparation de 20 000 dollars à chaque détenu encore vivant). Mais aussi pour la justice sociale, en se battant pour les droits des LGBTQ et l’égalité devant le mariage (Takei est gay). Et salue, en filigrane, les valeurs de la démocratie américaine. Qui, si elle fait parfois des erreurs, permet aussi, selon lui, aux citoyens de s’impliquer pour les dénoncer et faire avancer la justice sociale pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent. Takei faisant ici directement allusion à la façon dont Trump et les Usa traitent les américains musulmans ou les mexicains ces derniers temps…

Un beau roman graphique, à la narration claire et intelligente (Takei a été épaulé par les scénaristes Steven Scott et Justin Eisinger), qui œuvre pour le devoir de mémoire. Critique mais également rempli d’optimisme. On comprend pourquoi il a eu un gros succès aux Etats-Unis !

(Récit complet, 208 pages – Futuropolis)

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