Mains d’Œuvre, St Ouen, 31.10.2015
Ce soir, c’est soirée punk, garage. Sale et sauvage comme ils disent. Les gars ont mis leur plus beau perfecto, les filles leur jupes à pois. Certains s’essaient même au maquillage, Halloween oblige. Pour la quatrième année, le festival « Nuit sale et sauvage » investi Mains d’œuvre, occupant une grande partie du bâtiment, du rez-de-chaussée au deuxième étage. Le public déambule de salle en salle, passant par ce qui est habituellement l’escalier de services. Sympa malgré la sécu placée un peu partout.
La soirée commence doucement avec Bisou de Saddam. Ça me rappelle les groupes de lycée. Deux guitares, une basse et une boite à rythme, pour un shoegaze plein de reverb, mais pas franchement fini. Le moment d’aller chercher à boire avant que les bars soient pris d’assaut et que la commande du moindre breuvage deviennent le parcours du combattant.
Sur l’autre scène, la révélation de cette soirée nous vient de Belgique et se nomme Empereur. Ils ouvrent le festival mais sonnent déjà comme les grands. Sorte de post-punk très rock, énergique à souhait et joliment chiadé. Aussi sombre que dansant, le jeune power trio met peu de temps à convaincre les chanceux venus à l’heure. On sent que le groupe est encore un peu tendu sur scène, mais les refrains accrocheurs et les rythmiques mécaniques ont de quoi plaire. Les applaudissement sont nourris et mérités, et la température commence à monter doucement. Très bon concert qui me donne envie de les recroiser rapidement.
On papote, on se fait bousculer, on regarde rapidement Albinos Congo qui noient leur musique dans des reverb trop encombrantes, et on se presse pour voir Delacave, qui comme son nom l’indique, devrait bien plomber l’ambiance, avec son electro-cold-wave pas si sauvage que ça. Le duo de la triple alliance installe une ambiance froide, avec synthé vintage et basse minimale. Descente à la cave. J’aime bien la touche « siouxie » en version cold, mais malheureusement, il ne se passe pas grand chose sur scène, et je n’arrive pas à rentrer dans le trip. Pas assez dark, ou pas assez sauvage.
Les choses sérieuses devraient commencer avec Le Prince Harry. Le trio belge devenu duo a le vent en poupe. La salle se rempli sérieusement, et est quasi comble quand le groupe envoie son synth-punk de plus en plus techno. Voilà longtemps que je ne les ai pas vus, et les machines ont vraiment pris le dessus. Mais pas seulement pour le meilleur. Les racines punks ou synth-punk sont toujours présentes, on pourra même y voir l’influence des excellents The Normal ou de Frustration sur certaines intro (clin d’œil ou véritable pompade ?), mais l’aspect cliché des gros beats techno sur certains titres me laisse perplexe. C’est dommage car le groupe écrit des morceaux qui n’ont pas besoin de ce chichi. Dans un style similaire, on vous conseillera plus facilement les très bon Binaire, qui mélangent eux-aussi noise-punk et machine. Mais le public ne joue pas les difficiles. Ça saute, ça slamme, ça jette sa bière. Les grosses ficelles marchent toujours. Moi je décroche à la moitié du set, en repensant à la classe que dégage Komplikation, l’autre groupe du chanteur.
On en profite pour voir les stands (Born Bad, Barré avec une petite expo de Rad Party, Teenage Menopause, Le Turc Mekanik…), et se bouffer le son des DJ.
Par contre, vu la taille de la salle, on craint le pire, et on part prendre position pour le set de Frustration, qui fait office de tête d’affiche. On a bien fait, la salle se remplit rapidement jusqu’à devenir blindé du devant de la scène jusqu’au fond. Le gang joue à domicile et on sait que l’ambiance va exploser dès les premières notes. Ce sera le cas. Pourtant le parti pris est clair : jouer pas mal de morceaux récents, quelques vieux titres, et beaucoup moins de tubes que d’habitude (« Assassination » sera dans le set, mais pas de « Blind » par exemple). Mais Frustration sait y faire, et le concert, s’il n’est pas à la hauteur des grands moments du groupe (comme à Petit Bain dernièrement), tient sans problème sa place de tête d’affiche, fausses notes comprises. Bref, on passe un bon moment, et on en attendait pas moins. Merci les gars.
Le temps de papoter encore un peu, et nous voilà partis en direction du dernier métro, loupant Avenue Z, le nouveau projet des ex-Magnetix (aidé d’un Catholic Spray). Ce sera pour une prochaine fois.
Merci à Mains d’œuvre. Photos [cg]