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Ô VERLAINE ! (Deloye/Thirault, d’après Teulé)

BD. Paris, 1895. Sans le sou, Verlaine griffonne quelques vers pour pouvoir passer du temps avec Esther à l’hôtel de Montpellier ou se jeter dans les bras des fées vertes (le surnom de l’absinthe) dans les troquets. Quand il n’a vraiment plus rien ou est trop aviné, il rentre chez Eugénie qui, parfois, l’accepte et lui prépare une soupe. Mais la santé du poète décline rapidement : syphilis, diabète, cirrhose, hydarthrose à la jambe gauche : il n’a d’autre choix que de rentrer à l’hôpital. Heureusement, ses amis et admirateurs secrets veillent sur lui : le jeune Cornuty, son porte bonheur, équarisseur aux abattoirs de la Villette, Bibi-la-purée mais aussi le préfet de police qui le considère comme un génie vivant et donne des instructions au commissaire Richaud pour qu’on le protège discrètement…

Génie de la poésie ? Ivrogne accro à l’absinthe dont la violence pouvait être terrible ? Jean Teulé ne choisit pas dans son roman hommage qui se focalise sur les 3 derniers mois de sa vie. Car pour lui Verlaine est tout cela à la fois. Poète magnifique mais aussi homme ignoble dont les accès de folie l’ont poussé plusieurs fois à tenter de tuer des personnes de son entourage : Rimbaud, son amant, on se souvient de cet épisode, sa mère ou encore Eugénie, sa compagne…Génie des vers capable de trousser un sonnet sur l’oreiller d’Esther, sa prostituée attitrée, en échange d’une passe mais aussi ami ingrat capable du pire (plus vraiment lui-même il a essayé de violer le jeune Cornuty…) envers ceux qui l’ont pourtant soutenu lors de ses derniers mois. Un personnage complexe dont Teulé brosse un portrait sans fard, n’esquivant rien, et surtout pas les mauvais côtés, dans Ô Verlaine ! paru en 2004. Un roman dont Thirault et Deloye proposent ici une adaptation admirable, parvenant à garder tout ce qui fait la saveur du texte originel : son ironie et l’opposition entre la force des vers de Verlaine (qui ponctuent bien sûr, ici et là, le récit) et la bassesse, la déchéance de celui qui les a écrits. Une ambivalence parfaitement soulignée par le dessin d‘Olivier Deloye, inspiré et ici plein de vie, qui met en scène un Verlaine plus vrai que nature, le saisissant dans toutes ses contradictions. Ô Verlaine !, un hommage ? Oui, mais un hommage singulier et décalé, comme seul Jean Teulé sait en rendre…

(Récit complet, 120 pages – Steinkis)

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