Il ne vous aura probablement pas échappé que nous allons bientôt fêter le centenaire de la révolution d’octobre 1917. L’occasion pour le célèbre scénariste Patrick Rotman de revenir sur ces événements qui s’étalèrent en fait sur une période de 6 mois, de février 1917 à octobre de la même année. Une période qui commença avec la révolution bourgeoise qui renversa le tsar et se termina par une seconde insurrection, la révolution socialiste, qui fit naître tant d’espoirs, en Russie mais aussi partout dans le monde. Espoirs malheureusement rapidement déçus.
Avec ce qu’il faut de pédagogie (l’exposé des faits est précis et le scénariste s’assure que les rôles de chacun des protagonistes sont clairs), Rotman déroule, de nouveau, pour nous les faits. Il nous emmène dans les bureaux du parti bolchevique pour nous faire entendre les débats idéologiques entre Lénine et Staline et nous montre Trotski rapidement prendre les choses en main, sûr que l’heure de la révolution a sonné. Il va dans les campagnes où les paysans ont commencé à se rebeller contre leurs maîtres, revendiquant le droit de posséder la terre qu’ils cultivent. Il s’immisce dans les usines où les ouvriers veulent contrôler la production. Il se faufile parmi la foule des grévistes manifestants harangués par la poésie révolutionnaire de Maïakovski. Bref, il parvient à rendre le tout très vivant, malgré les nombreux récitatifs nécessaires, et nous donne l’impression, bien aidé en cela par le travail graphique de Blary (un trait fin et nerveux, qui rappelle un peu celui de Maël, rehaussé d’aquarelles très réussies), d’être là, à Petrograd, et d’assister à la prise du palais d’hiver et à la chute du gouvernement bourgeois de Kerenski. De la belle ouvrage.
(Récit complet – Delcourt/Seuil)