BD. Cela fait 7 ans que Mona n’a pas vu son père. Elle a coupé les ponts avec lui à la mort de sa mère d’un cancer. Trop occupé par ses recherches (il est paléontologue, spécialiste des mollusques), il avait laissé sa femme combattre la maladie seule…Contre son gré, Mona doit se rendre chez lui, à Paris : la concierge qui s’occupe de son appartement l’a appelée pour la prévenir qu’il n’avait plus donné de nouvelles depuis plus d’un mois. Par où commencer pour retrouver quelqu’un qui a disparu ? En allant sur son ordinateur, la jeune femme découvre un fichier qui l’intrigue. Du nom d’Octopolis, celui-ci regroupe apparemment les récentes recherches de son père qui portent sur un étonnant (ce céphalopode mène habituellement une vie solitaire) sanctuaire de poulpes dans les fonds marins du Pacifique…
Dans son précédent roman graphique, Les Grands cerfs, Gaëtan Nocq nous emmenait au beau milieu d’une forêt vosgienne pour nous montrer la beauté de la nature sauvage que l’on pourrait perdre si l’on continue de maltraiter notre planète. Avec Octopolis, il prolonge cette thématique écologique en nous conviant cette fois à une plongée parmi les beautés des grands fonds marins à la suite de Mona. Enquêtant sur la disparition de son père, la jeune femme doit s’immerger dans ses recherches pour y trouver des indices, ce qui permet à la narration d’alterner présentation de la vie sous-marine (son apparition, son évolution, comment les principales espèces sont parvenues à survivre…) et scènes montrant l’avancée de l’investigation de Mona. Car la “disparition”, mise en scène, de son père, a pour but de faire découvrir à Mona l’importance de ses recherches en l ‘obligeant à suivre ses traces, jusque dans le Pacifique et sous l’eau, proche des Abysses. Pour qu’elle réalise qu’une autre disparition, bien réelle celle-là, menace : le vie sous-marine. Car de grands groupes lorgnent sur les nodules de minerais rares qui en tapissent le fond…
Une plongée en eaux troubles que Gaëtan Nocq met en images de façon spectaculaire. Son travail graphique qui mêle crayons de couleur et craie grasse rehaussés d’acrylique dans des tons très majoritairement bleus (avec du rouge ici ou là…) est ici, avec l’océan, complètement dans son élément. La pagination importante (280 pages) d’Octopolis laisse, qui plus est, une entière liberté à l’auteur pour insérer, régulièrement, des scènes contemplatives d’une beauté incroyable. Requins marteaux, gorgones rouges, poulpes, vampires des abysses, cigales de mers sont ainsi dessinées avec une précision et une justesse bluffantes.
Un thriller écologique poétique et contemplatif singulier, visuellement magnifique, à ranger à côté de La Brute et le divin de Léonard Chemineau dans votre bédéthèque.
(Récit complet, 280 pages – Editions Daniel Maghen)