ALBUM. John Dwyer n’a pas fini de nous surprendre. Après un album plus typé hard-prog-kraut l’année dernière, les Oh Sees continuent leur voyage dans les sixties/seventies psychédéliques, mais poussent leurs recherches vers un groove de plus en plus typé, quitte à s’immiscer dans un jazz funk du plus bel effet. Les basses sont donc à l’honneur, avec des boucles irrésistibles, soutenues par des rythmiques toujours aussi entêtantes. L’air de jeux de Dwyer est une nouvelle fois des plus excitantes. Et il va s’en donner à cœur-joie, repoussant encore un peu les murs. Car ce Face Stabber veut expérimenter. C’est d’ailleurs le titre du deuxième morceau : The experimenter . Si le groupe n’en finit plus de nous prouver qu’ils ne sont pas des manches question virtuosité, même s’ils viennent du garage, ils savent aussi revenir aux essentiels, histoire de s’assurer quelques slams furieux lors des concerts. Face Stabber , le titre qui donne son nom à l’album, ou le démoniaque Gholü serviront sans aucun doute de détonateur punk en live. Heartworm est encore plus furieux. Mais en attendant, c’est aussi quand le groupe lève le pieds, avec ses mélodies sixtisantes qu’on se laisse berner. Il faut avouer que les chants psyché pop de John lui vont à ravir (Snickersnee, Fu Xi, Psy-Ops Dispatch, etc.). Même les influences jazz-funk (version bad boys tout de même) amènent leur lot de bonnes vibrations. Les 15 minutes de Scutum&Scorpius ou les 21 du final Henchlock nous entrainent dans ces soirées enfumées d’un vieil immeuble du Bronx… l’air est rempli de cannabis et on y parle des droits civiques et des Black Panthers. Le groupe continue donc d’innover, tout en restant particulièrement respectueux des origines du rock psychédéliques. Et ce nouvel album, livré comme c’est la règle un an après son prédécesseur, arrive à mêler expérimentations jazz, psychédélisme pop, et explosions de décibels garage, sans jamais nous perdre, ni oublier de nous faire danser. La rage est intacte. Définitivement un bon album des américains.
(Castle Face)