ALBUM. C’est l’histoire d’un californien qui s’ennuie à mourir. Pour tuer le temps il achète une guitare et se met à en jouer matin, midi et soir. Il joue tout le temps, et se met à monter des groupes, puis à sortir des albums. L’homme est tellement prolifique – et pas dénué de talent – qu’il commence à se faire un nom dans le milieu musical. Fan du guitariste Angus Young (AC/DC), John Dwyer, c’est son nom, décide de jouer en short à tous ses concerts, comme son héro. Pour ne pas masquer ce clin d’œil, il décide d’acheter une guitare transparente qui ne cachera pas son short. Malin. Après avoir essayer des trucs plus folk (OCS), John trouve enfin l’alchimie parfaite en mélangeant garage psyché et rythme motorik. Thee Oh Sees est né, et rencontre rapidement le succès. John est content. Mais le gars est tellement prolifique (un album par an en moyenne), qu’il commence à trouver tout cela un peu répétitif. Les disques se vendent, les salles sont toujours pleines, le public devient fou et saute dans tous les sens à la moindre note du groupe. Bien trop facile. Le guitariste en culotte courte veut du changement. Il en a marre et souhaite qu’on lui foute la paix. En 2013, il envoie bouler tout le monde.
Pensant repartir incognito, il reprend le chemin des studios en 2015 avec de nouveaux amis, et notamment deux batteurs (Paul Quattrone et Dan Rincon). Puis il change le nom du groupe en 2017 (pour la sortie de « Orc ») qui devient OH SEES (adios le « Thee »). C’est sous cette forme qu’il sort aujourd’hui ce « Smote Reverser », jonché de têtes de mort.
Malheureusement, les journalistes à l’aguet l’ont reconnu. Du coup, John décide de leur balancer une pochette de merde, comme les pires heures du métal en ont pondue. Lui et ses amis vont même s’amuser à se lancer dans le heavy-prog, l’un des styles les plus décriés depuis la fin des 70s. King Crimson n’a qu’à bien se tenir. John Dwyer se met aux synthés, et pousse même jusqu’à flirter avec le métal (succinctement), comme un dernier hommage à AC/DC, quand il ne tombe pas dans le pur kraut rock. Avec ça les mecs vont bien finir par le laisser tranquille. Du coup, il peut se permettre de lâcher quelques touches de garage, de psyché, ou de folk, sans qu’on crie encore au génie.
Mais la malchance s’abat à nouveau sur lui : les journalistes adorent, et le public répond présent. Même chez Positive Rage, on écoute cette escapade kraut-prog avec un grand plaisir.
Que reste-t-il à John pour enfin trouver la quiétude ?
(Castle Face)