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OLIPHANT (Phang/Bachelier)

BD. 1916, Antarctique. L’expédition Nimrod, quelques années plus tôt, ne lui a pas suffi. Cette fois, le capitaine Emerson embarque à bord du Golden Age, un brise-glace puissant financé par la riche famille DeLiddell avec 27 hommes, dont Arcadi, son fils adoptif. Son objectif ? Traverser le continent de glace de part en part. Les premiers temps, l’humeur est au beau fixe : à part Arcadi qui reste alité, malade, les hommes apprennent à se découvrir. Terence DeLiddell s’amuse à tirer sur les animaux que le bateau rencontre avec son nouveau colt et on baptise, en les immergeant dans l’eau glacée, ceux qui ne sont encore jamais allés au pôle sud. Mais alors que l’été n’a pas encore touché à sa fin, une tempête d’une force inouïe comprime tout le pack de la mer de Weddell contre la terre, piégeant le bateau dans une glace particulièrement épaisse. L’équipage va devoir hiverner sur le brise-glace en attendant le printemps…

De Jeronimus (signé Dabitch et Pendanx) à Le Voyage du Commodore Anson (de Perrissin et Blanchin), tous deux déjà parus chez Futuropolis d’ailleurs, en passant par Les esclaves oubliés de Tromelin de Savoia, la bande dessinée a déjà raconté ce genre d’expériences incroyables de survie “plus grandes que la vie”, comme on dit si bien en anglais, mais jamais comme Loo Hui Phang ! Si Oliphant s’inspire de l’histoire, vraie, d’Ernest Shackleton, le premier des grands explorateurs du cercle polaire, ce qui intéresse surtout ici la scénariste c’est d’imaginer ce que les hommes de l’équipage ont pu ressentir tout au long de cette aventure suicide et notamment quand ils ont compris que c’était probablement la fin ; ce qui les a fait tenir malgré tout ; à quels rêves ou légendes ils se sont accrochés ou pourquoi ils n’ont jamais remis en cause les choix de leur capitaine qui leur a, pourtant, fait prendre tant de risques. Voilà pourquoi le fantastique et l’irrationnel font régulièrement incursion dans ce récit. Un animal étrange (une sorte de loup gigantesque sans tête) ; un éléphant gris ou des femmes nues hantent ainsi les pensées des hommes et les paysages immaculés. Sans parler des dons étranges d’Arcadi…

Oliphant doit aussi beaucoup au travail graphique de Bachelier. Entre peinture et dessin, ses couleurs directes et son trait intuitif et spontané donnent beaucoup de souffle et une belle originalité à ce récit habité qui nous fait découvrir une autre facette du talent du dessinateur de Le Clan des Otori, excellente série qui paraît chez Gallimard. Très recommandé !

(Récit complet, 256 pages – Futuropolis)

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