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On a bouffé de la synth vierge au Trabendo avec Noir Boy George, Usé, Maria Violenza et Badaboum

Nous avions déjà eu la chance de voir Noir Boy George et Usé en début d’année dans un Petit Bain (Paris) bondé (concerts excellents) et nous étions ravis de reprendre une dose quelques mois plus tard au Trabendo, d’autant plus que Maria Violenza et Badaboum s’ajoutaient à l’affiche.

Noir Boy George annoncé en tête d’affiche commence son set en premier, particulièrement tôt (comme un énième pied de nez punk), et je loupe son entrée sur scène en DJ Boxeur camouflage sur fond de rap français. Dommage car j’avais adoré cette même entrée à Petit Bain. Effet garantie. Quand j’arrive la salle est donc déjà bien remplie (on peut dire que Nafi bénéficie d’un certain buzz en ce moment). Le messin semble avoir envouté l’assemblée qui se dandine nonchalamment sur les nappes de synthés (l’instrument à l’honneur ce soir). Seul sur scène, il enchaine clope sur clope, et balance ses histoires glauques, ou sa poésie désabusée. Fuck off like a way of life ! Les fantômes de Suicide sont toujours à ses côtés, comme il aime le rappeler avec son « comme Alan Vega » toujours aussi jouissif.  Devant, ils sont plusieurs à connaitre les paroles par cœur. Contre toute attente, l’orientation radicale de Noir Boy George semble attirer un public plus large que les spécialistes underground des débuts, et c’est tant mieux. Ses « bébés congelés » (que je n’ai pas entendu ce soir), et ses ambiances Bérurier Noir 1984, le méritent amplement. Ce soir, le set est assez cadré, on sent que les horaires sont serrés, et que Nafi reste concentré, sans partir en couille. Encore une fois, je suis sous le charme de ces sons boostés aux grosses basses… et, évidemment, de son écriture. Une chose est sûre : le public finit le concert convaincu d’être « messin plutôt que français », alors qu’en fait ils sont surtout parisiens… va comprendre.

La guitare bricolée d’Usé (à gauche) et Noir Boy George (à droite) (photos Siegfried Dunand)

Le suivant vient d’Amiens, et je ne sais pas si il est amiénois plutôt que français ? Par contre je sais qu’il est en tournée avec Noir Boy George. C’est Nicolas Belvalette, alias Usé. Lui aussi tout seul sur scène (pas de complice comme à Petit Bain). Et comme à son habitude, le set va enchainer session rythmique-physique debout derrière sa batterie, et chansons. Tanguer entre performance musicale et humour. C’est toujours impressionnant de le voir seul sur scène, mettre autant d’engagement dans sa prestation. Le voir se liquéfier petit à petit. Il faut dire que son set est particulièrement physique, et que ce ne sont pas les quelques morceaux chantés sans être derrière la batterie qui cassent le rythme. Au contraire, les quelques tubes en mode chanson (« marylou », « danser un slow avec un flic » ou le plus récent « tamponnes-moi ») apporte un vrai relief. En plus ce soir, les lumières du Trabendo sont fantastiques. Je suis souvent gêné par les lights dans les concerts rock, mais là, c’est de toute beauté. J’en verserais une larme. De son côté, Usé plonge dans ses rythmes comme un athlète sportif, maltraite son micro, et laisse redescendre la pression pour quelques ballades plus ou moins humoristiques. Les morceaux « chansons » me touchent bizarrement plus sur disque (« Tamponnes-moi » est par exemple un tube incroyable, mais la scène lui rend difficilement hommage), contrairement aux morceaux rythmiques qui prennent une toute autre dimension sur scène, plus animale. Bref, pas le temps de trainer, Nicolas est en eau (comme à l’époque de Headwar) et le public ravi… un petit coup de Mickael Jackson pour finir, et ciao. Merci Usé. Super concert.

Maria Violenza (photo Mr Rage)

On reprend ce marathon des artistes solos logiquement avec l’italienne Maria Violenza. Logiquement car elle a partagé un split avec Noir Boy George en 2021 (sur lequel elle reprend d’ailleurs « messin plutôt que français »). On reste donc en famille. Maria Violenza est seule sur scène, mais contrairement aux garçons, elle utilise beaucoup d’instruments (guitare, basse, synthé), qu’elle boucle pour construire ses morceaux en live. Elle a accroché un keffieh palestinien sur son pied de micro. Le message est clair. Pour ce qui est de la musique, ses morceaux se veulent un peu plus subtils que les garçons, mais perdent, du même coup, un peu en efficacité. Passer après Noir Boy George et Usé n’est pas chose facile. Je mets un peu de temps à rentrer dans son concert, sans doute à cause de cela. Mais Christina en a vu d’autres, et entraine le public avec ses morceaux synthétiques de toute beauté. Mêlant mélodies sombres et énergie du désespoir. Un petit faux départ enchainé d’un problème technique nous fera un peu peur, mais ne durera pas longtemps, et la sicilienne reprendra de plus belle, en gardant le sourire. Les morceaux de son dernier album s’enchainent, et Christina tient la scène comme une combattante apaisée. Le public semble conquis. Well done.

Badaboum (photo Mr Rage)

Ce sont ensuite les filles de Badaboum qui clôturent la soirée (comme un pied de nez punk). Etrangement, car ce sera le seul trio de la soirée, et c’est clairement le projet le moins connu. Peu importe, il est bon parfois de bousculer les choses, et contrairement à toute attente, le public reste. Les brestoises débutent donc leur set devant un Trabendo quasi remplit. Je ne les connais pas, mais le premier morceau place quelques doutes quand a leur niveau musical… après les trois experts passés avant elles, les filles de Badaboum font un peu tache (sans offense). Mais dès le deuxième morceau on comprend ce qui motive le groupe, et son univers. Donc dès le deuxième morceau, chaque musicienne intervertit d’instrument. La bassiste devient la chanteuse/synthé, la batteuse devient la bassiste et la claviériste passe derrière la batterie (le même manège se reproduira plusieurs fois pendant le concert). Et là les choses sérieuses commencent. C’est toujours un peu bancale, mais les filles dégagent une énergie impressionnante, et elles ne tardent pas à me rappeler pleins de bons groupes des années 80 tout aussi bancal. Pas dans la musique, sommes toute assez personnelle, mais dans cette créativité débridée, peu maîtrisée, et définitivement punk. Je pense à Malaria, qui ne savaient pas très bien jouées non plus, mais que j’adore, à Lucrate Milk même… et ça me ravi de voir ce genre de groupe en 2023, complètement à contre-courant. Elles ont une pêche communicative (d’ailleurs le public de ce soir rentre complètement dans le jeu), et une créativité débordante. Bien sûr, ça ne suffit pas toujours, et parfois, c’est un peu limite… mais en général, même si on est très loin des trois premiers sets, c’est frais et je trouve ça cool par son anticonformisme. Comme je le disais plus haut, Fuck off like a way of life !
(mise à jour : j’apprends un peu penaud, après avoir écrit ce report, que les filles de Badaboum jouaient dans Headwar, Les Morts Vont Bien, Heimat, etc. je suis confus de ne pas les avoir reconnues !!! Surtout vu l’excellence de tous ces groupes !!! Mais c’est vrai que maintenant qu’on me l’a dit… bref je ne vais ré-écrire l’histoire…)

Badaboum et Maria Violenza (photo Siegfried Dunand)

Et c’est sur cette drôle de note que la salle se vide, et que nous allons finir tranquillement la soirée dans un bar voisin. Merci Persona Grata et Le Trabendo pour cette bien belle soirée.

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