BD. Avec Comment maigrir ? paru l’an dernier, Sfar a repris ses carnets. C’est une longue tradition chez lui, le premier, Caravan, paru à L’Association, datant de 2002. Beaucoup ont suivi. Pour notre plus grande joie, il continue sur sa lancée avec On s’en fout quand on est mort. Parce que quand il dessine il n’est pas sur son portable. Mais aussi parce qu’avec ses carnets il écrit pour ses enfants et ceux des autres : « Pour leur transmettre quoi ? Mon doute sur tout et deux ou trois conseils en dessin ? » Et puis parce que grâce aux carnets il va au café. Il se met à une table, observe et écoute. Et dessine sur le vif. Ce qu’il voit et entend. Et une chose en entrainant une autre (la forme des carnets est très libre et il y a beaucoup de digressions…), ce que ça lui inspire. Du monde tel qu’il va. Des coups de gueule, face au racisme et à l’antisémitisme. Ou au sexisme (« Dieu est la profession la plus urgente à féminiser »). Il parle aussi de son travail, livrant ses doutes quant à ce qu’il est en train de faire (au moment de On s’en fout quand on est mort, Sfar était en train de travailler sur son nouveau récit, La Synagogue, qui est d’ailleurs sorti il y a quelques semaines chez Dargaud, et il cherchait la bonne façon de se dessiner quand il avait 16 ans…), du dessin en général, du matériel à utiliser (l’an dernier, l’auteur est passé à la tablette numérique pour ses crayonnés, chose qu’il s‘était toujours refusé à faire jusque-là…). Des cours qu’il donne aux Beaux-Arts et de ce que ça lui apporte. De ses enfants, surtout Ilyusha, encore tout petit, qu’il vient d’avoir avec sa nouvelle compagne Louise. Ou de son chien Bretzel. Bref, il parle de tout et de rien, d’intime et de général, de réel et de fiction, d’anecdotes et de sentiments. Dans ses carnets, on trouve un Joann Sfar totalement libre et spontané, que ce soit dans son dessin (jeté, forcément) ou ce qu’il écrit (parfois, il y a plusieurs pages sans aucun dessin…), c’est pour cela qu’on les aime !
(Carnet, 384 pages – Gallimard BD)