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OPEN BAR 1ère tournée (Fabcaro)

BD. La bd est imprévisible. Du talent, Fabcaro n’en manque pas. Ceux qui ont lu l’hilarant Mars (dessiné par Fabrice Erre) le savent. Cela n’a malgré tout pas empêché l’auteur de vivre des années pas évidentes. Jusqu’à la sortie de Zaï Zaï Zaï Zaï en 2015, pourtant paru chez un petit éditeur, 6 pieds sous terre, qui a fait un méga carton : 160 000 exemplaires vendus. Enorme et complètement inattendu. Mais totalement mérité. On préférerait que ce soit plus souvent des gens comme Fabcaro et Six pieds sous terre qui vendent autant d’ailleurs. En tout cas, cela a complètement lancé la carrière de notre homme, qui voit désormais toutes les portes (ou presque) s’ouvrir. Comme par magie. L’an dernier, il a ainsi sorti un roman (son deuxième, après Figurec), très réussi (avec quelques passages d’anthologie…je pense notamment au chapitre sur la chenille…), Le discours, dans lequel il imagine ce qui se passe dans la tête d’un jeune homme qui attend un sms de sa petite amie qui lui a dit vouloir faire une pause dans leur relation tout en devant participer à un repas de famille chez ses parents au cours duquel son beau-frère lui demande de faire un discours à leur mariage. Un roman où les qualités d’observation et l’humour (parfois plus subtil qu’il n’y paraît) de Fabcaro font merveille. Et depuis septembre 2017, il publie une histoire courte par semaine dans les Inrocks. Les pages (parfois les saynètes ne sont composées que d’un dessin), qui sont ici compilées dans cette première tournée, carrément décalées, font dans un genre que notre homme maîtrise parfaitement : l’absurde.

Un homme qui veut voter en glissant un samoussa dans une urne ; un passager qui râle parce que la SNCF ne les a pas avertis que leur train arriverait à l’heure ; un client qui doit supporter les discussions habituelles des coiffeurs : plan paradigmatique, rapports syntagmatiques… ; des musiciens qui ne vont jouer qu’une note sur trois lors de leur concert en raison d’un mouvement social des musiciens de jazz : on beigne ici en plein délire surréaliste ! Mais au-delà de ces situations ubuesques, Fabcaro nous parle, bien sûr, de notre société, dont il relève, moqueur, les aspects amusants (la présentatrice météo, souvent sexy ou les messages pré-enregistrés sur lesquels on tombe lorsqu’on appelle un fournisseur d’accès internet) et épingle certains travers plus dangereux (il aborde par exemple la problématique des migrants, sort desquels tout le monde semble se moquer désormais…). Le dessin, exercice oblige (il faut livrer une histoire par semaine), est basique (un trait qui va à l’essentiel, sans décors, en bichromie) et toutes les histoires ne font pas mouche mais cette première tournée est tout de même des plus rafraîchissante. Chef, la même chose !

(Recueil, 56 pages – Delcourt)

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