Quoi de mieux que de rencontrer Buntaro –légende vivante dans le milieu que quasiment personne n’a réussi ne serait-ce qu’à apercevoir- quand on prépare une thèse sur les Otakus, vous savez ces japonais obnubilés, voire obsédés, par une passion unique : collectionneurs obsessionnels de figurines ou de mangas, jeunes filles s’habillant et se coiffant comme des poupées, hikikomoris qui ne sortent plus de chez eux car devenus asociaux à force de passer leur temps devant les écrans ? C’est ce que se disait Asami avant de se retrouver enfermée dans un local minuscule du réseau d’égouts sous-terrain de Tokyo…
Deuxième tome de ce diptyque assez classique, que ce soit dans la narration ou le dessin réaliste, mais plutôt accrocheur, “Obsessions” poursuit la double enquête entamée avec “Tokyo Underground”. Double car il y a bien sûr l’investigation que mène le duo de flics pour mettre la main sur ce serial killer collectionneur qui prélève une partie du corps de ses victimes –toutes des femmes- après les avoir tuées. Mais aussi celle d’Asami, de Buntaro, et derrière eux de Marazano et Kerfriden bien entendu, qui tous les 4, chacun à leur façon, tentent de comprendre cette société nippone fascinante certes mais aussi parfois étrange et déstabilisante.
Et c’est bien ce côté quasi-sociologique –les auteurs nous entraînent ici dans le monde des Cosplay girls, des J-Horrors (films d’horreur hyper violents) et des geeks monomaniaques pour tenter d’en saisir les causes et le sens- qui permet à ce thriller, à la mécanique par ailleurs bien huilée, de tirer son épingle du jeu. Une plongée sombre et flippante dans une société japonaise hyper marchandisée que Marazano et Kerfriden dépeignent ici comme sans repères, à la dérive. Bien fichue et efficace, à défaut d’être vraiment mémorable.
(Diptyque – Dargaud)