ALBUM. Après 35 ans, et 7 albums, passés à explorer les possibilités d’un noise-rock imbibé (entre autres) de blues torturé, à jouer (et repousser, parfois) avec les codes d’un rock bruitiste, à expérimenter en incorporant par exemple des éléments de jazz, que pouvez-vous donc bien inventer Oxbow pour continuer à avancer, à se (et nous) surprendre, à se réinventer ? Pourquoi pas proposer, tout simplement, des morceaux plus accessibles, plus mélodiques aussi, qui mettraient, pour une fois, de côté la saturation de guitares pleine de disto ?
Love’s Holiday débute par 2 morceaux bien énergiques et enlevés -très efficaces et réussis d’ailleurs- mais Dead Ahead, le bien-nommé et Icywhite & Crystalline surprennent tous deux par leur côté direct et simple ainsi que leur structure « classique ». Et si la suite est plus lente, les morceaux gardent (à une ou deux exceptions près, comme le plus heurté The Second Talk et son riff de blues alambiqué ou Gunwale qui clôt l’album) ce côté accessible, comme un leitmotiv. Une simplicité (on n’a pas dit sobriété car les arrangements sont riches : des chœurs, des cordes, un hautbois, une clarinette, du piano…) qui sied bien à Oxbow. En attestent le touchant All Gone emmené par un piano et un chœur de 15 chanteurs (que l’on retrouve sur Gunwale et The Night The Room Started Burning). La balade mélancolique Lovely Murk qui voit les voix de Robinson et Lingua Ignota (alias Kristin Hayter) se répondre de belle façon. Ou encore le crépusculaire Million Dollar Week-end et ses guitares (dont une slide) inspirées.
Un album moins complexe et torturé mais plus émotionnel et touchant (à l’image du chant de Robinson, moins forcé et, du coup, plus sincère ici) qui ne devrait pas avoir à attendre aussi longtemps que Thin White Duke (sorti en 2017) pour avoir un successeur puisque le groupe est déjà en train de travailler à un nouvel opus…
(Ipecac Records)