BD. Branle bas de combat au Pacific palace: l’hôtel de luxe a été vidé de toute sa clientèle habituelle pour pouvoir recevoir le président du Karajan, Iliex Korda, en toute tranquillité. Le dictateur a fui son pays face à la gronde de la population et s’est réfugié en France, pays « ami » avec qui il veut négocier son accueil en souvenir des services rendus. L’équipe du Palace a pour l’occasion été réduite au stricte minimum et Spirou et Fantasio ne savent plus où donner de la tête: ils doivent bien sûr suivre les consignes de monsieur Paul, le directeur, à la lettre mais essaient en même temps de suivre les tractations entre Korda et le ministre français. Et il y a aussi Elena, le fille du « Grand guide », sous le charme de laquelle ils sont tous deux tombés…
C’est cette fois au tour de Christian Durieux de livrer son Spirou. Et l’auteur a décidé de bâtir son scénario autour d’une double intrigue: d’un côté le jeu de séduction entre Spirou (mais aussi Fantasio, dans un style moins subtil…) et Elena et de l’autre les négociations, dans le plus grand secret (même si, bien sûr, les 2 grooms vont réussir à avoir accès à certaines informations…), entre le dictateur de ce pays des Balkans et la France. Et on navigue ainsi entre romance et une certaine légèreté et realpolitik et un aspect plus lourd, puisque, comme le fait remarquer Fantasio, la France est prête à accueillir un dictateur, que l’on surnomme quand même « le boucher » dans son pays, qui a éliminé nombre d’opposants avant de s’autoproclamer président à vie! Toute allusion à la réalité et à d’autres dictateurs, ayant réellement existé, avec lesquels la France aurait « travaillé » n’est bien entendu pas fortuite…Un scénario ambivalent qui fait tout le sel de cet épisode et qui réserve, par ailleurs, des surprises jusqu’à la fin. Graphiquement parlant, Durieux se montre inspiré également avec un dessin semi-réaliste très réussi, sobre (il va à l’essentiel, notamment dans l’exécution des visages) mais élégant et toujours judicieux, rehaussé d’une mise en couleurs idoine. Un bon Spirou, sur lequel Durieux a clairement mis son empreinte, entre critique politique et amour impossible.
(Récit complet, 80 pages – Dupuis)