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PAPAYE, rock monu-mental

Vendredi 26 août 2011. MJC du Ronceray, Le Mans. Le festival Teriaki secoue cette fin de mois d’août dans la capitale sarthoise. Parmi les groupes au programme, PAPAYE. L’occasion est trop belle pour ne pas croquer dans le fruit. Fort d’un premier album, La Chaleur(Africantape Records) très remarqué et avant un concert énergique forcément rempli d’un noise-rock enthousiasmant, le trio accepte de répondre à mes questions. L’ambiance est à une vanne toutes les quinze secondes en moyenne. Précision importante : JB, le batteur, obsédé par le pot de Banania/Benco devant lui, voudra se faire appeler Steve… qu’il en soit ainsi.PAPAYE, c’est quoi ?

Franck : C’est un fruit à la base.

JB (alias Steve) : Il y a aussi un DJ qui s’appelle DJ PAPAYE.

: Oui, c’est vrai. Sinon le mot ‘papaye’ désigne un fruit originaire du Mexique. L’origine est très importante. Culinairement et gustativement parlant, ce n’est pas très intéressant. C’est une sorte d’avocat au niveau de la chair pas très sucrée. Alors peut-être que nous n’avons ici que de mauvaises papayes.

Mric : (sortant un dictionnaire de je ne sais où) Euuuh pour moi c’est un fruit comestible venant du papayer qui ressemblerait à un gros melon.

Votre groupe, c’est quoi ?

: Ca ressemble à un gros melon.

F : C’est une petite bête à trois têtes ; une hydre avec deux guitares et une batterie. Une formation rock principalement.

S : Du putain de rock !

Aviez-vous pensé à d’autres noms à la noix ?

S : A la base, c’était cool. C’était ‘Frankie and The Papaye’

: Moi, je n’assumais pas du tout d’avoir mon propre nom dans celui du groupe. Du coup, j’avais une responsabilité énorme et je ne me sentais pas les épaules de porter ça. Mais les gars sont ensuite partis sur PAPAGAILLE. Et puis c’est devenu ce qu’on connaît. Il faisait très chaud quand on répétait. On rêvait de fruits et de fraîcheur…du coup…

: Et on avait déjà la pochette en tête. Ce truc un peu ‘chaleur’ nous a influencés.

F : Et puis PAPAYE, ça fracasse tu vois (rire général en référence à une réponse de David Guetta sur une très courte vidéo  dans laquelle le DJ français utilise ces termes pour parler de son dernier album)

Comment vous êtes-vous retrouvés à jouer ensemble ?

: C’est un ami qui s’appelle Mathieu de Force Béton (association qui organise des concerts et fait aussi de la sérigraphie) qui est à l’origine de tout ça. Il voulait sortir un disque de heavy metal. Il voulait faire un petit casting pour ce groupe-là. Il fallait que tous les gens qui jouent dans ce groupe n’aient jamais joué ensemble (ce qui était notre cas). Les répètes ont fini en PAPAYE parce qu’il manquait toujours quelqu’un. Donc on s’est souvent retrouvés à trois et on a commencé à faire des choses ensemble. Voilà mais on n’abandonne pas l’idée du groupe hard-rock. Casting foiré mais Mric et moi, nous nous connaissions depuis des années. On connaissait JB parce qu’il venait dans des fêtes à Nantes et on rigolait bien.

Le choix de la pochette, des titres de chansons, on sent beaucoup d’humour dans ce que vous faites. Qu’est-ce qui vous donne le plus la banane pour ce projet ?

M : Les copains ! Le côté humain de la chose.

S : On s’amuse bien.

F : On rigole bien en tournée et à faire des morceaux.

Des mois après la sortie de La Chaleur, avec du recul, qu’est-ce que vous trouvez qui pêche dans ce disque hyper-vitaminé ?

F : Le manque de chant.

S : Tu rigoles ?

F : Bah ouais ça manque à fond.

M : J’aurais voulu faire quelque chose d’un peu moins brut par moments et penser à des arrangements. On est allés très très vite mais c’est très bien aussi. C’est que depuis pas mal de temps, j’aimerais faire un disque avec des trucs plus pensés. Changer de couleur de sons à l’intérieur d’un morceau.

: Ou faire une plage d’expérimentations. On a essayé mais ça n’a pas marché.

M : Derrière ce bloc, on aurait pu avoir une plage un peu…un peu…

F : Lounge ? (rires)

: Ouais, c’est ça. Un truc un peu sushi-bar.

Vous jouez tous très bien de vos instruments et dans tout ça qui a le plus le melon dans le groupe ?

: Je pense que c’est moi.

F : Moi, je pense que c’est moi.

M : Ah bah tu vois, je pensais que c’était moi. (rires)

L’instru-rock en concert ou sur disque, ça peut être gonflant au bout de quinze minutes. Quel zeste d’orange et de citron est-il nécessaire d’apporter pour maintenir l’attention des gens ?

M : Bah jouer quinze minutes. (rires)

F : On va jouer une trentaine de minutes ce soir mais c’est vrai qu’il ne faut pas jouer trop longtemps. Et puis après faut jouer avec le sourire. Il ne faut pas être trop sérieux ni rigide.

: Moi-même, en tant que spectateur, j’ai du mal avec l’instru. A un concert, j’aime rester sur ma faim plutôt que de voir un groupe qui me gonfle à jouer trop longtemps. Sur disque, personnellement, je n’aime pas les formats qui dépassent les trente minutes.

: Sur La Chaleur, on a fait douze morceaux et on trouvait ça largement suffisant. L’album est dense. Il s’y passe plein de choses. En concert, l’aspect frustration, c’est pas mal aussi. Si les gens kiffent bien, ils ont envie de revenir.

: Caaa, c’est le melon ! (rires)

En répète, lors du processus d’écriture, en studio, qu’est-ce qui peut vous prendre le chou ?
S : Euh lorsque l’on n’avait plus de… enfin on va dire du tabac pour l’enregistrement.

M : On n’a pas eu trop de prises de tête sur ce premier album.

: Là, on est en train d’écrire de nouveaux morceaux et on peut se dire ‘tiens, on a déjà fait ce truc-là.’

M : On a donné énormément de riffs sur le premier disque et on se dit qu’il faut renouveler les choses. Il ne faut pas oublier aussi les contraintes financières pour enregistrer.

: Mais en règle générale, on n’a pas de prise de chou. On est un groupe assez jeune.

: Il y a peut-être le stress inconscient au moment de l’enregistrement.

: Je suis assez confiant pour le deuxième album (sortie souhaitée fin 2012) par contre pour le troisième. (rires)

JB, je dois avouer qu’avec ton son de caisse claire et ta frappe sèche j’ai un gros faible pour ton jeu. D’où te vient cette patate ?

: Vous voulez qu’on vous laisse tranquilles ? (rires)

S : Du cannabis. J’ai découvert avec un ami Frédéric (MARVIN) que quand tu fumes du cannabis ça te rend un peu calme. Du coup ton énergie reste en toi et au moment où il faut la dépenser on donne tout.

M : Moi, je le soupçonne d’être atteint d’hyperactivité.

Pour être sexuellement performant, le rock, c’est mieux que le gingembre ?

: Je ne suis vraiment pas sûr de ça. (rires) Non, je pense que le gingembre, c’est la clé de la réussite. Faut en consommer matin, midi et soir, en boissons, en granules, avec du Benco, y a pas de contre-indications.

M : Tu sais, on a fait une quarantaine de concerts et on n’a pas réussi à…

F : Non, je pense qu’on fait fausse route à aller dans ce domaine.

Revenons à la musique. A mon avis, PAPAYE ne fait pas une musique mi-figue mi-raisin.

: Je ne suis pas d’accord.

M : Pour moi, il y a un peu de figue zouk et de raisin noise et puis il y a le plan EMINEM. On écoute plein de trucs différents. J’espère qu’on ne donne pas un truc complètement figé et qu’on peut rester ouverts à pas mal de gens sans être trop élitiste. J’aimerais bien passer au-delà du concept de musique instrumentale barbante et que les gens ressortent du concert avec le sourire.

J’ai l’impression pourtant que l’ensemble est compact avec une direction précise.

: Je pense qu’on ne sait pas ce qu’on veut et qu’on accepte ce que l’on a et on l’assume. (rires)

F : Ca dépend de ce que tu entends par ‘compact’. En tout cas, on ne s’est pas interdit grand-chose.

M : On peut se disperser.

Et vous allez encore plus vous disperser sur le prochain album ?

F : Dès que JB va chanter, tu vas voir… (rires)

Parlez-moi de vos autres projets.

F : Je suis le seul de ce groupe à ne pas avoir d’autres projets puisque KOMANDANT COBRA a splitté en février 2010.

M : On vient de fêter nos dix ans avec ROOM 204. Malgré l’emploi du temps chargé de Pierre-Antoine avec PAPIER TIGRE, on n’a pas du tout envie d’arrêter. Pour le prochain album, on pense même intégrer un deuxième guitariste. Pour changer et pour partager plus de choses.

: Encore plein de dates avec PNEU et ça se passe bien.

Et MAGIC BARBECUE, ton projet-solo ?

: C’est terminé. J’ai fait ma dernière tournée avec ROOM 204 en novembre dernier. Là, je suis en train de finir d’enregistrer des trucs solo mais que je ne jouerai jamais. J’aimerais bien refaire MAGIC BBQ mais sous une autre formule et quand j’aurai de l’argent (JB rêve de faire l’acquisition d’un steeldrums). MAGIC BBQ, c’était de la récréation mais vu que je manque de temps. Et puis ça me stressait de jouer tout seul, d’avoir des pédales qui ne marchent pas.

Pour finir, Steve ou JB, j’aimerais que tu poses une question que tu n’as jamais osé poser à l’un de tes deux partenaires.

: Frankie, qu’est-ce que tu fous là ?

: Présentement, je suis en train de me rouler une petite clope.

Mric, à ton tour.

M : J’ai besoin de savoir quand est-ce que la prise du pouvoir par les rouquins aura lieu ?

F : C’est d’ici 2015. Je suis sur un projet scandaleux voire chaotique qui consiste à renverser toute la société telle qu’on la connaît avec une hégémonie des roux en fait. Parce que, tout le monde le sait, les blonds vont bientôt disparaître et je me suis autoproclamé empereur des roux (les gens ne le savent pas mais je suis roux). J’espère bien prendre le contrôle de la société pour faire des choses décadentes d’ici quatre ans.

: Est-ce que nous, en tant que bruns, on aura une porte de sortie ?

F : Vous les bruns, vous avez une chance. Par contre les blonds, c’est l’extermination directe. Les bruns, on peut faire des trucs avec vous.

Au petit jeu des noms de groupes portant le nom d’un fruit, après que Franck et JB aient cité LEMONHEADS, PEACHES, BANANARAMA, SILVER APPLES, Mric, dans un effort surhumain finit par trouver : CLEMENTINE CELARIE !

Merci aux PAPAYE et à l’équipe de TERIAKI.
Photos : miguel constantino, raphael labouré 

 

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