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PAR LA FORCE DES ARBRES (Cortès/Mermoux)

BD. Après l’échec de sa reconversion agricole (après avoir été écrivain, notre homme avait décidé d’élever des brebis), Edouard Cortès s’est senti vide, en proie à la dépression, fatigué du monde et incapable de prendre part au bonheur et à l’amour, qui étaient pourtant là, avec sa famille. Son esprit a même, un temps, été tenté par le suicide…Alors l’auteur eût l’idée de prendre de la hauteur pour se retrouver. Pour cela, il construisit une cabane dans un chêne au beau milieu d’une forêt périgourdine non loin de sa maison. Et il y vécut trois mois, en autarcie presque totale (sa femme et ses quatre enfants venaient lui rendre visite tous les dimanches). Une expérience qu’il raconta ensuite dans un livre ici adapté en bande dessinée par Cortès lui-même et Dominique Mermoux. Un récit qui garde ce côté hybride très original, Par la force des arbres tenant à la fois de l’introspection, de l’essai philosophique et du guide de la faune et de la flore en forêt du Quercy. En effet, Cortès y raconte son quotidien au beau milieu de la nature, nous présentant ses rituels (sport, lecture, cuisine, ménage…) ainsi que les petites habitudes de ceux qui sont devenus ses voisins : le rouge-gorge qui lui rend parfois visite ; le chevreuil et ses goûts (notamment pour l’aubépine) culinaires : l’érable proche prompt à sortir ses feuilles le printemps venu ; l’étonnante symbiose entre pucerons et fourmis ou encore le lys martagon et sa beauté rare. Tout en mettant cet étonnant spectacle, insoupçonné, de la nature en perspective avec l’évolution de notre société (le désarroi des paysans face à la bureaucratie ; l’internet qui isole les gens plus qu’il ne les rapproche ou encore l’utilisation irraisonnée que l’on a faite des pesticides…) et sa propre vie (des flash-backs viennent régulièrement nous faire comprendre comment l’auteur en est arrivé là en même temps que son amour pour la nature). Le tout illustré, parfois, de citations de grands écrivains comme Ronsard, Hugo ou Goethe.

Un livre atypique qui touche par sa sincérité (notamment quand Cortès évoque ses idées suicidaires), sa poésie (“je m’enforeste” lance-t-il à un moment) et son humour (quand sa femme lui demande de faire attention de ne pas tomber, l’auteur s’amuse à imaginer une épitaphe depuis le sommet de “son” chêne : “Mort comme il a vécu…en chutant comme un gland”). Un retour à la vie en même temps qu’une ode à la beauté de la nature et aux plaisirs simples que Dominique Mermoux dessine avec beaucoup d’inspiration, proposant un découpage vivant et libre (pas de cases ici…) et livrant, en chemin, quelques portraits, plus poussés et aboutis, d’animaux absolument magnifiques. Le genre de livres que l’on a envie de faire découvrir à ses meilleurs amis !

(Récit complet, 118 pages – Rue de Sèvres)

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