Le succès ayant été au rendez-vous, les éditions Soleil ont décidé d’étendre le concept de départ à d’autres thèmes (“Paroles de la guerre d’Algérie”, “Paroles de Verdun”…). Du coup, j’imagine que vous êtes familiers de ces “Paroles de…” et de leur principe : des lettres d’origine remises dans le contexte de l’époque avec, en regard, leur adaptation en une bande dessinée courte comprenant quelques (ici de 3 à 5) pages.
Et comme son titre l’indique, ce tome 2 se penche sur les échanges épistolaires entre enfants et papas sur le front. Il faut dire qu’il y avait de la matière : plus de 5 millions de lettres et de cartes ont apparemment été écrites chaque jour dans la boue des tranchées entre 1914 et 1918. Des lettres qui racontent parfois l’ignominie de la guerre (sans cependant rentrer dans le détail de son horreur et de ses souffrances car celles-ci étaient adressées à des enfants), donnent des conseils aux garçons (leur demandant de bien épauler leur maman) ; des lettres que l’on écrit sans les envoyer, des lettres enjouées pour ne pas éveiller les soupçons, des poèmes pleins de tendresse ou des lettres qui arrivent après que leur auteur ne soit tombé sous le feu…
Le concept a bien sûr ses limites : l’ensemble est forcément hétérogène et inégal puisque 13 dessinateurs ont participé au projet, apportant chacun une sensibilité et un style différents et le format court des adaptations ne permet pas toujours au lecteur de vraiment rentrer dans le récit mais ces “Paroles de poilus” permettent tout de même une autre approche du travail de mémoire concernant la der des ders tout en donnant la possibilité aux lecteurs de découvrir de nouveaux talents ou de voir des auteurs plus connus (Brazao, Lapière, Bailly, Pedrosa ou Robin –ces 2 derniers livrant des adaptations inspirées dénonçant le travail de propagande présent dans les écoles pour endoctriner les “graines de poilus”- font partie du casting) sous un autre jour.
(Recueil de lettres adaptées en bd – Soleil)