BD. 1976, dans le sud-ouest de la France. La vie est belle et insouciante pour Jean à Beaumont du Quercy. Fils de l’instituteur, le petit village est un terrain de jeu idéal pour lui et ses copains Titi et Jules. Quand ils ne jouent pas aux indiens, ils s’amusent à se faire peur en allant voir leur « Dieu » Manitoba (en fait un crâne qu’un gamin a dérobé dans le placard de l’école et que quelqu’un a planté sur un manche à balai avant de le vêtir d’un chapeau et d’un manteau) dans la grotte du « Picadou » ou de faire éclater des bouses de vache fraîches avec des pétards mammouth achetés à l’épicier du coin. Jusqu’à ce qu’une de leurs bêtises ne coûte un jour la vie à l’un des villageois…
Si Nicolas Dumontheuil a puisé dans ses souvenirs pour raconter ce récit, Pas de pitié pour les indiens garde cependant ce côté singulier et décalé dont l’auteur a toujours été friand. Car s’il est, a-priori, plus en phase avec le réel que dans ses œuvres précédentes, il n’en reste pas moins raconté à hauteur d’enfant, dont l’auteur sonde ici l’imaginaire, parfois surprenant : les peurs, les fantasmes, les jeux délirants, les angoisses aussi. Pas de pitié pour les indiens brosse également le portrait d’une époque, les années 70, qui voyaient réactionnaires bas de plafond s’opposer parfois violemment aux hippies (« des marginaux » pour la plupart des villageois !) ou aux quelques immigrés maghrébins qui venaient s’aventurer dans le coin. Un temps où l’instituteur accueillait les élèves la pipe à la bouche et où certains parents lui demandaient de ne pas hésiter à mettre des baffes à leurs enfants pour les faire travailler…De tout cela aussi, Jules, Jean et Titi furent témoins, ce qui les obligea probablement à sortir de l’enfance plus rapidement qu’ils ne l’auraient voulu. Un joli récit sur l’enfance, comme un bonbon acidulé (les cases sont très colorées) : sucré mais avec un petit côté piquant quand même…
(Récit complet, 96 pages – Futuropolis)