BD. 2081. 50 ans après le premier conflit nucléaire mondial déclenché par la présidente américaine républicaine Serena Jones contre la Chine qui fit des centaines de millions de morts et dévasta la plus grande partie de l’Amérique et de l’Asie, le Protectorat, une société patriarcale qui punit l’homosexualité de mort et oblige les femmes à obéir et dépendre d’un protecteur (un père, un frère, un oncle…), a été mis en place en Europe. Des femmes, qui se font appeler les Valkyries, ont cependant réussi à s’échapper pour se réfugier dans une ville-forteresse, le Thing, d’où tout homme est banni. A leur tête, Sigrid, qui veut avant tout protéger ses sœurs et s’assurer que le Thing restera imprenable. Mais certaines membres du clan ne sont pas d’accord avec elle et prône une stratégie plus agressive : attaquer le protectorat pour conquérir de nouveaux territoires. C’est le cas de Kahina qui profite, avec quelques-unes de ses sœurs, d’une mission en extérieur pour attaquer une ferme afin de faire main basse sur du bétail et de l’engrais…
D’abord pensé pour la télévision, le projet Patriarchy a ensuite été retravaillé par Runberg et Saveg pour la bande dessinée. Pour un récit qui comprendra 3 tomes et propose un univers post-apocalyptique qui voit une société dictatoriale homophobe (l’homosexualité est purement et simplement interdite) et mysogine (suite à la guerre déclenchée par Serena Jones, qui se réclamait de Trump, il a été décidé que les femmes n’auraient plus aucun droit ni liberté…), le Protectorat, lutter contre un groupe de rebelles femmes, les Valkyries, qui refusent le diktat masculin et tentent de vivre libres. Tout en bannissant les hommes de leur vie…Une idée scénaristique féministe qui fait bien sur tout le sel de ce récit puisqu’il permet aux scénaristes d’explorer des thèmes essentiels comme la liberté, la dictature, le libre arbitre ou la nécessité de lutter contre l’injustice et l’oppression tout en pointant du doigt les incohérences et autres hypocrisies (par exemple, les Valkyries ont banni les hommes de Thing mais ont tout de même ponctuellement besoin de leurs services pour procréer…Et du côté du Protectorat, si l’homosexualité est interdite, certains hommes-femelles, comme on les appelle, sont conservés comme esclaves pour que certains puissent assouvir leurs fantasmes…) de ces systèmes mis en place.
Un premier tome prometteur (il s’inspire bien sûr des courants rétrogrades à l’œuvre depuis quelque temps aux Etats-Unis ou ailleurs) mis en images avec conviction par Ortega qui livre ici un travail graphique abouti : le trait, influencé par le manga, est vif et le découpage très dynamique. Et Le Châtiment finit, comme il se doit par une révélation étonnante, de nature à titiller la curiosité du lecteur jusqu’à la sortie du deuxième tome qui devrait paraître début 2023 !
(Récit en 3 tomes – Caurette)