BD. Penss n’est pas comme les autres garçons : alors qu’il devrait aider ceux de son clan à chasser pour trouver de quoi manger, il passe son temps, au grand dam de sa mère !, à contempler la nature et ses beautés. Une attitude rêveuse qui ne peut aboutir à rien de bon en ces temps préhistoriques : par sa faute, sa mère meurt et il est lui-même obligé de la manger pour survivre, bloqué dans une grotte par l’hiver, le grand sommeil du monde. Le printemps revenu, Penss est vivant mais en colère après le monde. Il lui déclare la guerre : pour que ce qu’il a vécu ne se reproduise jamais, il va arracher ses plus grands secrets à la nature pour créer son propre monde, où fruits et légumes seront légion…
Une poignée de récits (dont Le Singe de Hartlepool scénarisé par l’excellent Lupano) ont suffi à Jérémie Moreau pour faire de lui l’un des auteurs les plus intéressants de la nouvelle génération et il a, déjà !, reçu le Fauve d’or d’Angoulême l’an dernier pour La Saga de Grimr. Avec Penss et les plis du monde, il continue de creuser un sillon narratif aussi personnel que singulier, dans une veine philosophique. Car dans ce récit d’apprentissage préhistorique, ce n’est rien moins que la vie et la nature du monde que Penss apprend à accepter. Une sorte de roman graphique existentialiste qui le voit, à travers les épreuves (la mort de sa mère, la faim…) et les rencontres (un autre clan, la belle Craie…) qui jalonnent son chemin, aller de l’amour pour la vie et les beautés qu’elle offre (l’auteur consacre d’ailleurs beaucoup de cases aux fleurs, aux plantes et aux animaux dans des scènes très contemplatives) à la colère et à l’opposition quand le jeune homme prend conscience de l’aspect éphémère de la vie et des souffrances qu’elle occasionne pour enfin arriver à l’acceptation de l’ordre naturel des choses. Un conte qui met en avant la force de vie donc que Moreau déroule à sa façon très personnelle sur plus de 232 pages de son trait simple mais expressif rehaussé d’aquarelles. Un joli récit, touchant par moments et rempli de poésie.
(Récit complet, 232 pages – Delcourt)