ALBUM. Les Peter Kernel avaient-ils besoin d‘un nouveau défi pour se relancer ? En tout cas, ils ont décidé, un peu comme l’OuLiPo en littérature, de se fixer une contrainte pour ce nouvel album : travailler et composer à partir de rythmes (enregistrés en studio ou même, parfois, sur téléphone portable…) que leur ont envoyés 11 de leurs batteurs (ils n’en ont jamais eu d’attitré, Peter Kernel étant un duo, la collaboration entre Barbara Lehnhoff et Aris Bassetti) préférés. Dont Giacomo Bastianelli de Tam Bor, Bernard Trontin de The Youngs Gods, Kevin Shea de Storm and Stress ou encore Cosmic Neman de Zombie Zombie. Vous comprenez maintenant pourquoi l’album s’intitule Drum to Death… Et le résultat est réussi. Etonnant parfois, forcément (les riffs les ont parfois obligés à aller vers des territoires musicaux qu’ils n’auraient pas forcément empruntés), comme sur le dansant Shhh, chanté en italien et sur lequel plane des effluves que l’on pourrait croire venues des Antilles ou l’étonnant Bzzz qui tire vers la no-wave avec sa rythmique bancale, son appétence pour la dissonance et sa fin brutale. Mais rassurez-vous, c’est bien du Peter Kernel que l’on a là ! Ces arpèges de guitare touchants, ce chant double féminin/masculin complice qui prend aux tripes ne peuvent mentir et nous livrent encore quelques morceaux superbes, à l’image d’Amen, construit autour d’une proposition de Bernard Trontin, sorte de miroir tendu à Radiohead avec le chant d’Aris et cette guitare qui remuent l’âme ou encore le plus sombre et répétitif Boo. Mais un Peter Kernel poussé dans ses retranchements créatifs. Un duo libre, qui n’a jamais aussi bien mérité l’étiquette d’art-rock que l’on utilise parfois pour décrire leur musique que sur cet album concept !
(On The Camper Records)