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PETER KERNEL Un gars une fille

Que ce soit sur disque (on vous conseille vivement d’écouter White Death Black Heart et Thrill Addict si ce n’est pas encore fait) ou en concert, Peter Kernel ne déçoit jamais. Son art-punk qui s’est fait plus pop et personnel avec le temps tire sa force de la complicité qui unit Aris Bassetti (guitare et chant) et Barbara Lehnhoff (basse et chant), couple à la ville. Voilà qui nous a donné envie de poser quelques questions, via internet, à Aris pour en apprendre davantage sur le groupe : sa vision des choses, son approche des concerts ou Camilla Sparksss, le projet electro-punk du duo.

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Après beaucoup de concerts et une petite pause (NDR : Aris a répondu à mes questions en juin), vous vous apprêtez à faire de nouveau quelques dates. Tourner est très particulier : c’est comme être à part, en dehors du monde, pendant quelques semaines ou mois. Vous aimez vivre dans cette sorte de bulle ou c’est simplement un passage obligé pour pouvoir jouer tous les soirs ?

Tourner est la meilleure partie de cette aventure. On adore être sur la route, rencontrer des gens différents, voir d’autres endroits et changer d’hôtel chaque jour. Bon, si c’est trop il peut arriver que l’on soit fatigué et que l’on ait envie de rentrer à la maison pour se reposer un peu. Mais dés que nous sommes rentrés, au bout de 4 ou 5 jours, on commence à déprimer. On adore cette bulle, on se sent en dehors de tout mais en même temps on est plus proche de notre âme. On a l’impression de faire ce qui nous convient le mieux.

Presque rien ne se passe quand on est en tournée : il y a souvent de l’ennui et aussi de la fatigue après quelques jours. Et pourtant Peter Kernel est toujours plein d’énergie et de vie au moment de monter sur scène. Vous faîtes quelque chose de spécial avant les concerts ? Comment vous vous préparez dans les minutes qui précèdent vos sets ?

Ah ah ah, non on boit juste de la bière, on mange des cochonneries et on dit des trucs stupides. Ou on envoie des textos à nos amis. Même si l’on est vraiment fatigué sur scène, il y a toujours quelque chose qui se passe. On apporte l’énergie qui vient du public.

Je me souviens qu’à Nancy, au beau milieu d’un morceau, tu as mis ta guitare autour du cou d’une fille pour qu’elle en joue et à Metz Barbara est descendue de scène pour aller danser avec les gens. Vous semblez vraiment vouloir créer quelque chose avec votre public, qu’il y ait une interaction avec les personnes présentes…

Oui, on croit totalement en cette connexion avec le public. On n’aime vraiment pas ces concerts pendant lesquels le groupe joue et le public écoute et ça ne va pas plus loin que ça. On essaie de s’amuser à chacun de nos concerts et pour cela il n’y a pas de meilleur moyen que de faire en sorte que les gens autour de nous s’amusent. On aime penser que même les gens qui n’aiment pas notre musique repartent chez eux avec le sourire.

Et il n’y a peut-être pas assez de stress pendant les concerts alors vous essayez d’ajouter un peu d’adrénaline supplémentaire

C’est étrange car nous sommes des personnes sensibles et personnellement je ressens beaucoup d’anxiété et des accès de panique simplement pour payer au supermarché mais on ne se sent jamais stressés pendant un concert. C’est comme une drogue pour nous. Cela recharge nos batteries et met de côté nos problèmes de santé pendant quelques heures.

Vous avez des soucis de santé ?

C’est une longue liste…qui n’est pas très intéressante, en plus.

Au fait, cette volonté de se mettre en danger pendant les concerts a dû parfois provoquer des choses drôles. Vous n’auriez pas 1 ou 2 anecdotes à nous raconter ?

Oh, il y en a tant…Une fois, pendant un rappel, nous avions décidé de jouer une dernière chanson au milieu du public. Un gars a commencé à vomir en cercle tout autour de Barbara pendant qu’un autre essayait de m’arracher l’oreille avec ses dents!

Si vous deviez faire la promo de vos concerts, quelle musique diriez-vous que vous jouez et qu’écririez-vous sur les flyers ?

On aimerait dire que l’on fait de la pop-rock et l’écrire sur les flyers mais peut-être que les gens ne comprennent pas. Alors on dit art rock, ou art punk ou indie-rock ou peu importe…Mais on ne sait pas exactement ce que cela veut dire…

Un mec qui vient de Suisse, une fille canadienne… Comment vous êtes-vous rencontrés tous les 2 et comment en êtes-vous venus à jouer ensemble ?

On s’est rencontrés dans une école de communication visuelle. J’étais assistant et Barbara étudiante. Tu sais comment ça fonctionne…Mais ça a été plus dur que prévu. Alors j’ai dû faire croire que j’étais professeur de basse pour pouvoir passer plus de temps avec elle. Et ensuite Peter Kernel est né.

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Il y a eu une importante évolution entre White Death Black Heart et Thrill Addict, qui est, je trouve, plus personnel. Est-ce quelque chose sur lequel vous avez travaillé ou est-ce venu inconsciemment ? Vous vouliez que Thrill Addict ressemble à quoi en fait ?

Tu as raison. Thrill Addict est bien plus intime que son prédécesseur. Cela a été un processus inconscient, nous voulions juste être honnêtes avec nous-mêmes et faire une musique qui parle de nos sentiments les plus profonds du moment. On a extériorisé toutes nos craintes, nos problèmes et nos doutes pour écrire cet album, c’est pourquoi il s’appelle Thrill Addict. (NDR : accro au frisson, en français). Nous sommes des gens tourmentés et pourtant on ne fait rien pour rendre nos vies plus faciles. Nous travaillons dur pour prendre des risques. Mais au moins si l’on devait mourir demain on aura fait tout ce que l’on voulait faire.

Ce nouvel album a un côté plus pop aussi…

On aime beaucoup la pop. Ceci explique cela. On a essayé d’expérimenter la musique pop d’une façon personnelle avec Thrill Addict. Et on est satisfait du résultat.

Les chansons sont des sortes d’histoires que l’on raconte. Mais avec Peter Kernel, c’est un peu différent : vous donnez l’impression de les jouer comme si vous étiez sur une scène de théâtre…

Je ne pense pas. Dans nos chansons, nous parlons aussi de choses très importantes qui nous arrivent et nous sommes toujours très sérieux et honnêtes avec cela. Même en concert, je sais que cela peut paraître étrange mais on peut dire beaucoup de conneries entre les morceaux mais quand la chanson commence on change d’humeur. Certaines chansons me donnent la chair de poule et au beau milieu d’autres, comme « You’re Flawless », je pleure quasiment à chaque fois… Nous sommes comme ça, un mélange de joie et de tristesse, tout le temps.

Comment composez-vous habituellement ? Qu’est-ce qui vient en premier : les paroles ou la musique ? Et prenez-vous en compte ce que le morceau rendra en live quand vous composez ?

Habituellement, on commence par la musique, on préfère dans ce sens-là. Ensuite on commence à chanter des bruits au hasard avec notre bouche et à la fin on écrit les paroles. Et oui, on est attentif à ce que l’on aimerait ressentir quand on jouera le morceau en concert.

Quand considérez-vous qu’un morceau est prêt pour un album ? Que doit-il posséder ou intégrer pour vous satisfaire ?

Ah, bonne question. On a toujours beaucoup de discussions à ce propos. Je suis paranoïaque : je veux essayer chaque version alternative que l’on peut faire de chaque morceau avant de dire « Ok ! ». Et cela rend Barbara folle parce que cela prend énormément de temps. Pour Thrill Addict, j’ai dû parler avec mon psy parce que je faisais un mauvais trip et étais incapable de dire « stop, c’est bon, on arrête là ».

Cela veut-il dire que Peter Kernel et Camilla Sparksss peuvent vous faire plus de mal que de bien ?

Peter Kernel et Camilla Sparksss satisfont totalement nos esprits mais pour atteindre ce but il y a beaucoup de travail, un processus complexe à traverser et dans de nombreux cas, quand on compose, on se pousse jusqu’à la limite de ce que nous pouvons faire et supporter. C’est une zone où nos personnalités et notre capacité de jugement deviennent fragiles. Et comme nous sommes tous les 2 impliqués dans ce processus, il n’y en a pas un qui peut compenser l’autre et l’on déraille, tout simplement. Arrivés à cette extrémité, Barbara arrête mais moi je n’en suis pas capable et je poursuis jusqu’à ce qu’elle me persuade de parler de cette « composition qui n’en finit jamais » avec mon psychologue. Non que mon thérapeute résolve le problème mais parce que Barbara sait que quand je parle avec quelqu’un d’autre de mes problèmes de paranoïa, je comprends mieux ce que je suis en train de faire.

Tu as vraiment du mal à laisser tomber un morceau alors ?

Si l’on réalise rapidement que c’est une mauvaise idée, on ne gâche pas notre temps. Le problème (dans la plupart des cas) est quand tu as quelque chose d’intéressant mais que tu n’arrives à rien en faire. C’est là que je quitte la planète Terre, à la grande joie de Barbara…

J’ai l’impression que Peter Kernel est de plus en plus connu en France mais que ce n’est pas forcément le cas dans les autres pays. Comment l’expliquez-vous ?

Nous vivons de notre musique. Du coup, nous essayons de construire quelque chose de solide et d’intelligent. Cela n’a pas de sens de tourner partout dans le monde pour un groupe comme le nôtre. Ce qui est sûr, c’est que si nous le voulions nous pourrions le faire mais nous préférons consolider notre présence sur quelques territoires et progresser de façon spiralaire. Ca se passe bien aussi en Suisse, Belgique et Italie pour nous. On travaille en ce moment sur l’Allemagne et doucement nous aimerions élargir cette zone… Mais de façon générale, comme nous avons décidé de garder le contrôle sur tout (pas de manager, pas de label…), nous savons déjà que nous ne serons jamais gros (NDR : « Big » est le terme utilisé par Aris). Et la chose positive est que l’on se fiche d’être gros. Nous voulons pouvoir faire ce que l’on veut, quand on veut et comme on veut sans faire de compromis.

Certaines personnes ont pu être surprises par votre autre projet : Camilla Sparksss. Comment ce projet est-il né ? Parce que Peter Kernel ne vous satisfaisait pas totalement tous les 2 ?

Nous sommes des gens curieux et nous écoutons beaucoup de genres musicaux différents. On a toujours voulu faire un truc électronique et un jour, après une longue tournée pour Peter Kernel qui avait laissé des séquelles dans le bas de notre dos, à force de décharger notre matos du van, on s’est dit : « faisons un projet électronique, un truc plus léger ».

Qui fait quoi dans Camilla Sparksss ? Tu donnes juste un coup de main à Barbara ou tu en fais vraiment partie ? On peut se poser la question car pendant les concerts tu n’es pas sur scène…

Camilla Sparksss est exactement la même chose que Peter Kernel mais nous avons décidé que les leggings ne me vont pas assez bien pour que je monte sur scène.

For You The Wild n’était peut-être pas juste un one shot vous permettant de réaliser un fantasme dance/électro alors

On est en train d’écrire de nouveaux morceaux pour Camilla Sparksss. C’est un projet vraiment sérieux.

Une autre particularité de Camilla Sparksss est bien sûr la présence de cette « danseuse » sur scène… Est-ce parce que Barbara ne voulait pas être seule pendant les concerts ? Quel effet recherchiez-vous avec cette danseuse ?

On n’aime pas les artistes électro qui montent sur scène avec leur ordinateur… C’est froid et ennuyeux. Peut-être qu’ils envoient des e-mails pendant leurs concerts… On voulait quelque chose de physique, comme dans les concerts rock avec un batteur.

Comment décidez-vous si vous voulez travailler et composer pour Camilla Sparksss ou Peter Kernel ? Cela dépend il tout simplement de votre humeur ? Ou y a-t-il des périodes Camilla Sparksss et des périodes Peter Kernel ?

Inconsciemment, il y a des périodes Camilla Sparksss et des périodes Peter Kernel. Mas ce n’est pas une règle établie. Parfois, nous ne savons pas si certaines idées sont mieux pour Camilla Sparksss ou Peter Kernel !

 

photos noir et blanc : Damien Electrophone | photos couleurs volée sur face de bouc

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1 Comment

  • misus99
    Posted 26 août 2015 at 12 h 35 min

    It’s a pleasure to find such raanlitoity in an answer. Welcome to the debate.

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