L’agent Louis Doisy et son guide Marcel Dorcel sont de retour à New Pondichéry, leur mission accomplie : elles ramènent en effet les fameux prélèvements de métal effectués sur la carlingue de la fusée triangle demandés par Ségolin Le Pen, l’ambassadrice de Gaïa sur la planète Zarkass. Mais à leur arrivée, elles trouvent une capitale en plein chaos : poussés par les mystérieux Triangles, les Zarkassiens se rebellent contre l’occupant terrien et des émeutes ont éclaté un peu partout dans la ville. Réfugiées chez le Doc Loizeau, en attendant que cela se calme un peu, Louis et Marcel se font dérober le précieux sésame par un autochtone zarkhi ! Pourtant, prêtes à tout pour pouvoir embarquer sur l’une des dernières navettes d’évacuation à destination de la Terre (rebaptisée Gaïa par les femmes qui ont pris le pouvoir aux hommes, exaspérées de tant de siècles de domination masculine émaillés de guerres, viols et autres agressions contre leur planète), le duo décide de jouer le tout pour le tout en revêtant des peaux de mues zarkassiennes…
Délirante, imprévisible et surprenante jusqu’au bout (quel final !) : voilà une trilogie qui se termine comme elle avait commencé ! On sent que les 2 auteurs ont pris beaucoup de plaisir à adapter ce space opera de Stefan Wul, fantaisiste à souhait, à placer quelque part entre “Avatar” et “La soupe aux choux”. Et on comprend ! Comment en effet ne pas se régaler à dessiner la flore (avec notamment des arbres sodomites !) et la faune (dont des chenille-lions et leur mode de défense original : le pet agressif…) endémiques de Zarkass et à imaginer la langue fleurie zarkassienne, finalement pas si compliquée que cela à comprendre si l’on se concentre un peu (elle est en fait truffée de calembours d’un goût douteux…) ainsi que ces clins d’œil en veux-tu en voilà : au cinéma (avec “Terminator” ou “Star Trek”), à la bd (avec Trondheim qui donne ici son nom à une griffe prestigieuse de vêtements, à Sfar et aux autres récits de cette collection des univers de Stefan Wul “Rayon pour Sidar” et “Niourk”) mais aussi à notre société contemporaine (avec les cigares Churchi-Castro, les lois écologiques Hové-Bulot ou l’ambassadrice qui s’appelle Ségolin Le Pen)…
Si la trilogie était partie sur de très bonnes bases comiques, Yann fait véritablement feu de tout bois dans ce final mais n’en oublie cependant pas de proposer un de ces rebondissements inattendus dont il a le secret en guise de dénouement… Si vous aimez la science-fiction qui ne se prend pas au sérieux, vous allez vous régaler !
(Ankama – Récit en 3 tomes)