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PORTRAIT D’UN BUVEUR (Ruppert et Mulot/Schrauwen)

BD. Généralement, quand on fait le portrait de quelqu’un, c’est pour lui rendre hommage, pour louer ses qualités car il s’agit d’une personne estimable. Vous vous doutez bien qu’avec Ruppert et Mulot (qui sont ici rejoints par le belge Schrauwen), duo passé maître dans l’Art du contre-pied et spécialiste du décalage, cela ne va pas vraiment être le cas…D’ailleurs, le titre annonce d’emblée la couleur : ce portrait est celui d’un buveur, donc, que l’on découvre (c’est notre premier contact avec lui…) allongé à même le sol, probablement en train de cuver le vin qu’il vient de boire. Un buveur prénommé Guy dont on va suivre les « aventures ». Si si aventures, je ne suis pas ironique. Car entre 2 bouteilles de rhum, quelques menus larcins commis sur le marché ou des insultes proférées à droite à gauche, Guy va tout de même se retrouver embarqué sur un bateau, qui, après quelques rebondissements (une tempête, une attaque de pirates…) pas piqués des hannetons, accostera en Afrique, à Jazira…Autant d’événements que Guy vit de loin, entre 2 vins, préférant regarder qu’agir, se cacher plutôt que se battre. Car Guy est un anti-héros, un vrai ! Veule, sale, amorale, lâche, brutal, sans scrupules : c’est un salaud de la pire espèce, qui ne respecte rien ni personne (et surtout pas lui-même), capable de toutes les bassesses (comme frapper les femmes ou les enfants) pour soutirer un peu d’argent pour s’acheter à boire…

C’est un portrait totalement décalé, vous l’avez compris, bourré (logique avec Guy…) d’humour noir, qui permet aux 3 auteurs (Qui a fait quoi ? Bonne question…) de livrer un récit haut en couleurs (souvent flashy…), totalement imprévisible. Que ce soit dans le fond (avec des scènes des victimes du buveur contemplant ses péripéties depuis ce qui pourrait être l’anti-chambre de l’Enfer ou des délires éthyliques de notre poivrot de service qui jalonnent la narration) ou la forme (si le trait est assez simple et jeté, le découpage est quant à lui capable de tout : gaufrier de 6 cases très traditionnel, dessin sur double page, petites casse insérées sur un dessin unique pleine page…). Bref, une nouvelle pépite d’humour noir par l’un des duos les plus singuliers de la bd actuelle qui a toute sa place dans une collection qui s’appelle Aire Libre !

(Récit complet, 176 pages – Aire Libre)

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