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PRIMORDIAL (Lemire/Sorrentino)

COMICS. 1961. Donald Pembrook, professeur du MIT, est envoyé sur la base de Cap Canaveral pensant que le programme spatial américain va être relancé. En fait, c’est tout le contraire : son rôle est de trier et récupérer le matériel qui peut encore avoir une application militaire avant que tout ne soit envoyé à la décharge. Au cours du nettoyage, l’un des gars de l’équipe lui remet des documents sur lesquels il est tombé : un relevé de données des signes vitaux des deux primates envoyés en orbite terrestre au cours de la mission Jupiter le 28 mai 1959. Ces relevés démontrent qu’Able et Baker étaient encore vivants à 2h47 alors qu’ils ont pourtant été déclarés morts à 2h39…Pembrook en réfère immédiatement à son supérieur qui lui intime l’ordre de s’en tenir à la mission qu’on lui a confiée. Le lendemain, Pembrook se voit refoulé par le service de sécurité : son accès lui a été retiré…

La guerre froide entre l’URSS et les Etats-Unis et la course à la conquête spatiale ont donné lieu à énormément de manipulation, de bluff et de mensonges de la part des deux camps en présence. Jeff Lemire s’est donc engouffré dans cette brèche en imaginant qu’américains et russes ont menti à propos de leurs missions Spoutnik 2 et Jupiter et que Laïka, la chienne envoyée par les russes en novembre 1957 et les deux primates envoyés par les américains en 1959 n’ont pas péri comme indiqué dans la version officielle proposée par les états major des deux pays…Cela a abouti à Primordial, mini-série défendant la cause animale comptant 6 épisodes rassemblés ici en intégrale. Un récit dont le démarrage intrigue, forcément, d’autant que rapidement Pembrook est contacté par un mystérieux agent qui lui donne rendez-vous à Berlin-Est pour lui divulguer d’autres informations au sujet de ces dossiers sensibles classés top secret. Mais si la narration, toujours aussi habile, de Lemire, tient en haleine jusqu’au bout, la conclusion déçoit cependant, les réponses aux questions soulevées par les “mensonges” des russes et des américains s’avérant trop légères. La lecture reste néanmoins agréable d’autant que le travail graphique de l’italien Sorrentino, qui mêle les techniques (le dessin est très sombre quand on suit Pembrook sur Terre quand le trait se fait plus léger et aérien lorsque les scènes se déroulent dans l’espace) et propose un découpage particulièrement inventif, est très réussi !

(Récit complet, 176 pages – Urban Comics)

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