BD. Irina, une adolescente de 15 ans, est retrouvée morte dans sa chambre. Ses parents disent ne rien avoir vu venir. Mais son amie Carla et ses professeurs avaient noté que son attitude était étrange ces derniers temps. Elle était devenue paranoïaque, parlait d’amnésie et posait des questions sur l’hypnose. Des choses forcément notables pour l’inspectrice Tabarès et son adjoint Sotillo, d’autant que personne n’a jamais vu Irina se droguer…La thèse du suicide, rapidement retenue, cache probablement autre chose. Mais quoi ?
Après l’excellent Hyènes, Prado a décidé de poursuivre dans cet univers de Proies faciles, avec un nouveau récit, une nouvelle fois autonome, intitulé Vautours. Un polar noir et même sordide qui va plonger les inspecteurs (on retrouve le duo Tabarès/Sotillo), et avec eux les lecteurs, tout aussi incrédules, dans l’univers du darkweb et de la pédopornographie. Difficile d’en dire davantage sans gâcher le plaisir de la lecture mais sachez simplement que les vautours du titre volent et tournoient à proximité d’Irina, prêts à fondre sur elle pour se faire de l’argent ou pour assouvir des fantasmes répugnants. Un récit fort, intense. Glaçant aussi. Qui montre, avec beaucoup de talent et d’efficacité, l’ignominie des réseaux pédopornographiques, en pointant la responsabilité de chacun de ceux qui y participe : celui qui propose des vidéos ou images mais aussi celui qui les “consomme”. Le travail graphique réaliste et sombre, le découpage fluide, la narration parfaitement huilée : tout concourt à faire de Vautours un récit choc et à montrer cette affaire telle qu’elle est : révoltante. Le genre de livre absolument nécessaire mais qui ne laisse pas indemne malgré sa (petite) lueur d’espoir en guise de conclusion…
(Récit complet, 80 pages – Rue de Sèvres)