ALBUM. Alors que leur premier album, No Passion All Techniques a été réédité il y a quelques mois par Domino, Protomartyr sort Ultimate Success Today, son cinquième album. En 8 ans ! Preuve que le groupe du Michigan n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Au moment où le groupe commence à récolter (Relatives In Descent, sorti en 2017, a figuré sur les listes best of de fin d’année du New-York Times ou de Loud&Quiet et Protomartyr s’est ouvert la porte de grands festivals) le fruit de ses efforts, le quatuor entend, au contraire, enfoncer le clou. Il faut dire que ce qui se passe actuellement dans le monde et dans leur propre pays doit être plutôt inspirant pour un gars comme Joe Casey et lui donne du grain à moudre pour écrire ses textes (qui parlent de cupidité, de dérives extrémistes, de racisme latent, de repli sur soi…), qui ne risquent pas, du coup, de gagner en luminosité…Côté musique, pas de révolution. On retrouve le post-punk désenchanté et rageur du groupe (rapidement reconnaissable avec le chant typique, parfois presque parlé, souvent désabusé, de Casey et les guitares une nouvelle fois inspirées de Greg Ahee qui nous sort, comme à son habitude, quelques très bons riffs de sa besace). Qui continue cependant d’évoluer et d’essayer de nouvelles choses. Sur Day Without End, le morceau introductif, c’est par exemple un saxophone free (celui du jazzman Jemeel Moondoc, une belle idée!) qui intervient à plusieurs reprises. Tout comme sur le très bon Tranquilizer, emmené par la basse de Scott Davidson. Et sur June 21, c’est la voix de Nandi Rose (aka Half Walf) qui rejoint celle de Joe pour un dialogue complice. Un essai très concluant. Bref, Protomartyr sort là un cinquième album presque idéal. Celui que l’on avait envie d’entendre, en fin de compte. Un album qui nous permet de retrouver ce que l’on aime chez ce groupe mais qui parvient, en même temps, à encore nous surprendre. Une équation pas si facile à résoudre. Alors on dit juste bravo !
(Domino)