BD. Les éditions Ankama fêtent leurs 15 ans d’existence cette année. Pour marquer le coup, elles ont décidé de ressortir 10 livres marquants de leur catalogue en édition spéciale : tirage limité, nouvelle couverture et bonus inédits (ici un making of, des dessins préparatoires et les premières pages, alternatives, de la version américaine). Une belle occasion de découvrir (ou redécouvrir) l’excellent Shangri La de Mathieu Bablet ou ce PTSD, sorti, à l’origine, en 2019. Guillaume Singelin (que l’on a découvert avec The Grocery, série scénarisée par le très bon Aurélien Ducoudray mais sur laquelle on n’a jamais accroché, sans savoir pourquoi…) y raconte l’histoire de Jun. En perdition dans les rues de Tokyo. Rapatriée après une méchante blessure à la tête (elle perdit d’ailleurs un œil dans l’affaire), elle n’arrive pas à oublier la guerre. La nuit, ses cauchemars la réveillent en sueur. Et le jour, elle est régulièrement prise de tremblements. En fait, elle culpabilise parce qu’elle n’a pas pu veiller (elle était sniper) sur ses camarades jusqu’au bout. Elle va en quelque sorte essayer de se racheter en se lançant dans une vendetta contre les dealers qui profitent de la souffrance des vétérans qui sont dans la rue comme elle pour se faire de l’argent tout en les maltraitant régulièrement.
Sur le thème du PTSD, Post Traumatic Stress Disorder (en français ESPT : Etat de Stress Post-Traumatique), pour nous, la référence reste clairement le travail d’Olivier Morel : son poignant documentaire L’Âme en sang et son prolongement en bande dessinée, Revenants, mis en images par Maël. Mais si vous avez envie de plutôt lire une fiction sur le sujet, ce récit de Singelin est plus que recommandable ! A une condition cependant : ne pas être allergique au dessin manga et à ses grands yeux. Car c’est la grosse influence de Singelin en matière graphique. Il habitait même Tokyo quand il a commencé à travailler sur ce projet, c’est dire. Mais ce serait en tout cas dommage de passer à côté de PTSD à cause de cela. Car la mise en image de l’auteur est très réussie : le découpage est inventif, les scènes d’action sont rondement menées et la reconstitution, très détaillée, de cette mégalopole asiatique (on peut imaginer qu’il s’agit de Tokyo) où se mêlent monuments traditionnels et gratte-ciels est très convaincante. Et l’histoire de cette jeune femme qui se bat avec ses fantômes pour être en paix avec elle-même est tout simplement touchante et belle. Bien sûr, le happy end est peut-être un peu convenu mais parfois ce genre de récit, positif et optimiste, fait du bien !
(Récit complet, 216 pages – Ankama)