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QUELQU’UN A QUI PARLER (Panaccione, d’après Massarotto)

BD. Ce soir, Samuel Verdi fête ses 35 ans. Seul dans son appartement. Ses uniques amis, un couple de retraités chez qui il dîne chaque semaine, ne sont pas disponibles car Marcelline est à l’hôpital. Alors comme chaque année, une fois le gâteau mangé et le Champagne bu, il appelle son ex Armelle. Qui le rembarre sans prendre de gants. Elle sait qu’il a trop bu. Et surtout cela fait 8 ans qu’ils sont séparés et qu’il l’appelle le jour de son anniversaire ! Mais ce soir Samuel ne veut pas rester seul. Il a envie de parler. Alors sans trop savoir pourquoi il compose le seul numéro de téléphone qu’il sait encore par cœur : celui de chez lui quand il était enfant. A l’autre bout du fil, un petit garçon décroche. Il a 10 ans et s’appelle Samuel. Samuel Verdi…

Quelqu’un à qui parler : la BD de la rentrée ? Je sais, vous allez me dire que l’on s’enflamme un peu…Que beaucoup de BDs de la rentrée ne sont même pas encore sorties…N’empêche, difficile de ne pas être sous le charme du nouveau roman graphique (comme des autres d’ailleurs…) de Grégory Panaccione. Le genre de livre que l’on a envie de faire découvrir à tout son entourage…Etonnant, drôle, émouvant, juste : c’est bien simple, il a tout pour lui. A commencer par une idée de départ tout simplement géniale, que l’on doit à Cyril Massarotto (la BD est l’adaptation de son roman éponyme paru en 2017) : donner la possibilité à Samuel de converser avec le garçon qu’il était quand il avait 10 ans. Un lien magique extraordinaire (il entend même, parfois, la voix de sa mère, morte d’un cancer peu de temps après, en arrière fond) qui n’a pourtant pas que des avantages…Car quand son moi de 10 ans se rend compte qu’à 35 ans, il n’est devenu ni footballeur ni écrivain, ne voyage pas car il a une phobie de l’avion, ne voit plus ses copains d’enfance et n’a pas d’amoureuse, il ne peut s’empêcher de lui lancer un « T’es pas moi, c’est pas possible !T’as trop changé ! » auquel Samuel, dépité, ne sait quoi répondre. Une conclusion cinglante qui va malgré tout avoir l’effet d’un électro choc pour Samuel qui va décider de se reprendre en mains : il se remet à écrire, reprend contact avec ses potes perdus de vue et, surtout, invite Li-Na, une collaboratrice chinoise qui vient d’arriver dans sa boîte et dont il est amoureux, à boire un verre…

Une histoire que Panaccione adapte avec un talent incroyable. Tout sonne juste ici. Son dessin très libre et spontané (l’auteur ne fait jamais de crayonnés préparatoires pour que son trait soit le plus authentique et naturel possible) fait une nouvelle fois des merveilles. Grâce à son expressivité, à son sens du découpage (que l’on peut notamment admirer lors des nombreuses scènes muettes, une spécialité de Panaccione…) et à ses nombreuses trouvailles graphiques (ses sentiments profonds prennent parfois le pas sur la réalité dans la narration, comme lorsque Samuel marche 2 mètres au-dessus du sol car il est sur un petit nuage…), il porte magistralement cette histoire d’amour teintée de psychologie et de fantastique jusqu’à sa conclusion, très réussie aussi. Un magnifique (ça va, j’ai le droit de le dire ça ?) roman graphique !

(Récit complet, 256 pages – Le Lombard)

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