DEPECHE MODE "Exciter"
(13 titres – Mute/Labels)
Quand on vous dit que les années 80 font leur grand retour ! Depeche mode reste sans aucun doute l'un des plus grands représentants du son de ces années-là, et, malgré tout, l'un des groupes qui s'intègre le plus harmonieusement dans le nouveau siècle (peut-être aussi grâce à la production de Mark Bell qui travaille entre autres avec Björk). Maintenant, contrairement à toute une vague de jeunes groupes electro-pop actuels, je dois bien avouer ne pas être un expert du groupe. Quand Depeche Mode s'est fait connaître, j'étais plongé dans l'anarcho-punk de Crass et de Conflict, et cette bande de beaux gosses ne représentait pour moi qu'un nouveau groupe précieux se lançant à l'assaut des charts et des adolescentes. Certes, derrière leur look typiquement 80's, Depeche Mode reprennait bien quelques notes de Kraftwerk, mais rien n'y faisait, l'aspect commercial est toujours resté trop en avant pour me satisfaire. Alors aujourd'hui, crier au génie, comme les lecteurs des Inrocks ou les présenter comme des précurseurs pour plaire à une tendance parisienne, non merci. Certes, beaucoup de groupes s'en sont inspirés depuis ; certes, cet album mélange agréablement mélodies new-wave commerciale et electro plus haut de gamme (merci Mark Bell !)… Et je dois bien admettre que le groupe possède un talent certain qui offre à cet album des moments très excitants, mais, en général, vous ne pourrez me faire oublier que cette musique représente typiquement ce qu'était la soupe passant sur la FM dans les années 80. Alors c'est vrai que je préfère, vieux con que je suis, entendre du Depeche Mode et du Madonna à la télé plutôt que du Britney Spears, mais, puisque j'ai le choix, je garderai mon Kraftwerk, ou mon Radiohead. Maintenant, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, cet album se place, quoiqu'on en pense, largement au-dessus de la moyenne dans le style.
[mg]

SECOND RATE "Grinding to dust two years somewhat insane"
(cd 12 titres - Kéroséne, Vampire records, Prehisto)
Après plusieurs morceaux sur diverses compilations et 45 tours, deux démos et un mini-cd sorti il y a plus d'un an qui leur avait valu d'être considéré comme "le nouveau groupe à suivre de près", voici enfin le premier album du groupe de Besançon. Enregistré par Fred Gramage au studio pôle nord, cet album d'émo pop punk'n'roll, comme ils le disent eux-même (pour ma part, je me contenterai de dire émo-pop), est doté d'un très bon son et d'un savoir faire évident quant aux compositions. Pourtant, je ne crie pas au génie. Certes, des morceaux comme "Death takes me away" et "Darkness slowly warps me up" sont délicieux (quel travail au niveau des guitares!), certes les mélodies sont impeccables (du genre à vous rester dans la tête toute la journée), certes j'aime cet album, mais une légère déception se fait sentir. Peut-être que j'en attendais trop, peut-être est-ce parce qu'il s'écoute trop facilement... En fait, ce qui me gêne le plus c'est la batterie et sa linéarité abusive (peu de choses me surprennent), ainsi que l'apparition des claviers "scandaleux" (une fois de plus, c'est eux qui le disent !) dont on aurait très bien pu se passer. Du coup sur la longueur je m'ennuie un peu, et une nostalgie de l'époque de leurs premières démos me gagne. Attention, si vous aimez Dead pop club, Aïna ou les groupes de la grande époque Révélation, vous apprécierez sans doute pleinement. En prime, vous aurez même droit à deux ballades acoustiques plus proches de REM que de leur style habituel...
[Greg]

Voir aussi : Dead pop club, Aïna, Samiam, Sensefield, Texas is the reason.

V/A "3 grammes 7 le matin..."
(Double cd 38 titres - Ipsec, No records, Pogo records)
Derrière un joli dessin du dessinateur Gil, cette compilation deux cd contre l'alcool, rassemble, comme c'est trop souvent le cas avec les compils, aussi bien du très bon que du très mauvais. En fait le premier cd part dans tous les sens entre indus, rock alternatif, noisy pop, punk, ska, métal, variété (si, si!); seuls quelque part entre émo et noise, Epileptic et Maria blonde s'en sortent... En revanche, le deuxième cd est nettement plus intéressant, bien qu'aussi varié, mais tourné vers les musiques électroniques, a part Sleeptime qui font dans la noise. Entre l'électro expérimental de Rune et de Mothboy, les nappes ambiantes d'Andrew Hayleck et de Zenopede, la drum'n bass de P.C.M, l'expérimental torturé/malsain de Zerfall Mensch, Lab report, NE555 et DDI7ILS , la noise/indus de [P.U.T] et Abdomens vs Tröms, l'électro-dub de Mick Harris, le post-rock électronique de Nikosono,..., ce cd se laisse écouter avec plaisir. L'avantage, c'est que l'ensemble du mauvais se trouve sur le premier cd, alors vous achetez la double compil pour le prix d'un cd (environ 80 francs), et vous jetez le premier !!! Donc, si vous voulez découvrir des groupes électro tout en soutenant une bonne cause, cette compil est pour vous.
[Greg]

FABULA "Les belles paroles"
(5 titres – autoproduction)
Comment ne pas penser aux Thugs ? Dès l'arrivée des guitares, on a l'impression de se retrouver plongé dans les décibels de la troupe d'Angers ! C'est regrettable quant à l'originalité du groupe. Pour leur défense, Fabula relève le défi du chant en français… Et s'en sort plutôt bien. Peut-être est-ce dû au fait que la voix reste en arrière, légèrement trafiquée, durant toute la durée du disque. Ensuite, si le mur de décibels mélodiques restera très représentatif de l'identité de Fabula, le trio arrive tout de même, sans prétention, à laisser sortir une sensibilité touchante. "Les belles paroles" se rapproche même d'un raffinement à la Blonde Redhead. Malheureusement le raffinement devra parfois laisser la place à un goût plus douteux… C'est le risque avec les jeunes groupes. En attendant Fabula se pose là, loin des modes et des tendances passagères, avec beaucoup d'élégance, de discrétion, et de talent. Le potentiel est là, reste à affiner quelques détails…
[mg]

>> Voir aussi : les Thugs, Skippies

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