COMICS. Une jeune fille de 19 ans, Laura Cummings, et un homme portant le masque de Rorschach ont été abattus juste avant qu’ils ne tuent le candidat populiste à l’élection présidentielle, Turley, lors de sa convention. Les fédéraux ont déjà commencé leur enquête mais l’équipe de Turley ne leur fait pas confiance, les pensant à la botte de Redford, l’actuel président démocrate qui brigue un nouveau mandat. Alors ils font appel à un détective pour qu’il mène l’enquête de son côté, en toute impartialité…
Si vous connaissez bien vos classiques comics, vous vous souvenez probablement que Rorschach est l’un des Watchmen imaginés par Moore et Gibbons ! Pourtant, ce récit signé King et Fornès n’est pas une suite de la série mythique des 2 britanniques. Mais plutôt un récit qui s’imbrique dans son univers mais se déroulant quelques années après. Ainsi croise-t-on (rapidement – les fans seront d’ailleurs frustrés vu le titre du récit…- car ils ne font pas partie de l’intrigue…) avec un plaisir évident le Docteur Manhattan, le Comédien ou donc Rorschach, dont le masque est ici porté de nouveau…Pour les besoins de ce polar. Car Rorschach, s’il multiplie habilement les clins d’œil à Watchmen (le smiley du Comédien, le meurtre de Kitty Genovese, l’invasion extraterrestre du Calmar ou la fin des Watchmen jalonnent l’intrigue), n’est pas un récit de super héros mais bien une enquête policière qui va confronter le détective à ce que l’âme humaine a de plus sombre. Et de plus irrationnelle aussi. Car sur son chemin notre homme va croiser des complotistes, des obsédés des armes à feux, un célèbre auteur de comics ou des citoyens qui pensent pouvoir communiquer avec leurs défunts grâce aux extraterrestres, les spirites. Une enquête menée tambour battant par le duo d’auteurs. Si le dessin de Fornès est typique du comics américain, son découpage fait par contre preuve de beaucoup d’inventivité. Et que dire de la narration de King qui multiplie les bonnes idées, comme lorsqu’il met en scène (à plusieurs reprises) un dialogue imaginaire entre le détective et les 2 tueurs en mêlant cases se déroulant dans le présent et dans le passé.
Un roman noir très prenant, qui rend un habile (il fait en même temps clairement des appels du pied aux fans de la série…) hommage à Watchmen tout en dénonçant la manipulation des politiques (notamment des populistes…) et la difficulté de démêler le vrai du faux (les mensonges quotidiens de Trump sont bien entendu visés…) dans une société américaine totalement perdue. Noir c’est noir !
(Récit complet, 322 pages – Urban Comics)