ALBUM. Troisième album pour les français de Rouge Gorge Rouge, et comme pour le précédent, la réussite semble au rendez-vous. La présentation se veut plus sombre que pour “Hypersomnia“, avec ce lac de lave en guise d’artwork ou cette omniprésence du toxique dans les titres de morceaux (l’excellent “Sulfur” qui ouvre l’album, “Mazout“, “Polonium“), mais les terrains de jeux du quatuor restent les mêmes. Il faut dire qu’ils sont vastes. Car RGR ne semble s’imposer aucune limite sans pourtant se perdre. Si l’ensemble continue de prolonger le fil du krautrock, c’est avant tout par cette absence de case, et cet amour du faussement répétitif, mais le groupe n’hésite pas à invoquer Joy Division sur le très post-punk “Mazout“, ou rugir toute guitare devant sur le dansant “Polonium“… Mais quel que soit l’humeur des morceaux de ce troisième album (qu’ils soient chantés ou instrumentaux), ils sonnent parfaitement justes, dans une cohérence étonnante. Et on se prend au jeu des claviers tantôt ludiques, tantôt sombres ou planants… on est pris par cette basse plombée, ou ces guitares plus ou moins présentes. Les rythmiques sont évidemment au centre des compositions, avec cette approche chamanique, qui tire les morceaux vers leur essence krautrock. Bref, un voyage étonnant et pourtant très accessible, que l’on vous conseille fortement.
(Collision Music/Day Off)