C’est une évidence. Depuis Station sorti en 2008 sur Suicide Squeeze, le trio de Chicago n’a cessé de progresser en rendant ses instrumentaux plus mélodiques et plus dynamiques. En poussant leurs compositions encore plus loin. Fin 2009, Geneva avait fini d’installer la bande de Dave Turncrantz au rang des formations post-rock / post-metal les plus passionnantes et il va sans dire que deux ans plus tard la machine tourne toujours aussi bien. Empros n’est pas seulement leur album le plus lourd mais c’est sans doute aussi le plus abouti. Se déclinant en six titres et quarante et une minutes, il se montre concis et fluide. Avec son approche d’apparence conceptuelle, l’album enchaîne mieux les idées pour efficacement créer des ponts entre les chansons. Le groupe a visiblement misé sur l’unité plutôt que la disparité. Du coup, ce nouvel opus s’écoute d’un trait. Et voilà l’auditeur aspiré par un même souffle. Empros joue néanmoins de paradoxes. Il s’expose d’emblée comme une sorte de monolithe implacable. Puissant, compact et heavy. Les riffs appuyés de Mike Sullivan et la basse quasi-godfleshienne de Brian Cook sur certains titres (‘309’ et ‘Atackla’) matraquent cette impression. Mais rapidement et progressivement le bloc se fissure et, à l’image d’une pochette éblouissante, laisse filtrer des lumières chaudes et salvatrices. Dans une harmonie de contrastes, l’album ne perd pas en intensité. Le trio sait juste varier à merveille les dynamiques d’une musique qui s’écoute comme autant d’histoires mystérieuses. La cathédrale sonore qu’est ‘Schiphol’ nous porte vers des somments tandis que le conclusif et seul titre astucieusement chanté, ‘Praise Be Man’ nous ramène sur terre. La tension souvent se diffuse pour laisser place à des espaces aériens d’une grande clarté n’ayant rien de symphonique. Le groupe n’oublie pas de nous travailler au corps. Il sait aussi ‘rocker’ avec efficacité, ‘Mladek’ ayant même quelques similitudes avec l’excellent ‘Malko’ sur Geneva. En cela Russian Circlesne se donne pas de grands airs. Les chicagoans aux intentions louables fuient les titres pompeux et sur-arrangés. Empros est avant tout une aventure musicale faite de chair et de sang remplie de liberté et de poésie. Une oeuvre sensible et maîtrisée qui ravira tout fan de bon post-rock mais pas que…
(album – sargent house)
Schiphol :
1 Comment
Ljos
assurément une des grandes perles du post-rock/métal du moment … même s’il me laisse une impression bizarre, du fait de sa grande proximité avec l’album Malval de l’excellent groupe genevois Shora … qui n’a plus donné de nouvelles depuis. Même genre de construction avec des morceaux d’une puissance phénoménale, très axée métal … même continuité entre les morceaux et même fin “chantée” pour apaiser les neurones après plusieurs minutes de furie sonore …
Il en reste néanmoins un sacré bon album qui me transporte toujours aussi loin à chaque écoute. Mes cellules souches hardcore et post-rock en sont toujours autant réjouies ^^