BD. Quelque part au beau milieu de la Préhistoire, une femelle tigre à dents de sabre met bas. 3 petits. Dont l’un est chétif. Clairement différent. D’abord parce qu’il est tout jaune et qu’il ressemble davantage à une petite peluche qu’à un tigre. Mais aussi parce qu’il est joyeux, joueur, câlin et doux alors qu’en grandissant, il devrait être rusé, sanguinaire et impitoyable. Une différence que son clan ne voit pas d’un très bon œil et qui poussera sa mère à le rejeter…
Un premier récit muet fleuve, de 256 pages : cela ne vous rappelle rien ? Mais oui, Grégory Panaccione qui avait marqué les esprits avec Toby mon ami , sa première œuvre sortie en 2012. On attendra cependant encore un peu avant de comparer Eric Feres avec l’auteur des excellents Un océan d’amour ou Chronosquad. Car si ce Sabre plaît par sa singularité (notamment son côté contemplatif, son auteur prenant vraiment le temps d’installer son univers en proposant des scènes secondaires -l’attaque d’une antilope par un crocodile, par exemple- qui ne visent qu’à retranscrire la violence de ce monde d’avant l’Homme) et son audace, il ne convainc pas totalement. Les 2 premiers tiers du récit sont pourtant inspirés -on y suit les tribulations insouciantes de Sabre, ce petit animal jaune, véritable anomalie dans cet environnement sans foi ni loi, avec plaisir car la narration de Feres est agréable et son travail graphique très plaisant. Jusqu’à l’introduction d’une scène fantastique qui se passe sur une autre planète assez curieuse car complètement décalée avec ce qui précède…Et à partir de ce moment-là, on doit avouer avoir du mal à suivre Feres (jusque là il semblait vouloir traiter de la différence et montrer à quel point la nature pouvait être à la fois belle et impitoyable) et à comprendre où il veut en venir. Dommage du coup car cette conclusion opaque nous laisse un peu sur notre faim.
(Récit complet, 256 pages – Dargaud)