ALBUM. Sathönay est le projet solo de Nicolas Poisson, figure de la scène noise lyonnaise des années 90, membre du groupe NED et du label SK records (qui vient d’ailleurs de clore récemment près de 20 ans d’activité). Mais laissons cela au passé.
Dans Sathönay, Nicolas explore, en solo, la musique orientale en jouant du saz électrique. Après de nombreuses collaborations, et deux albums, Nicolas s’entoure aujourd’hui de trois musiciens : Franck Testut à la basse (Miss Goulash), Léonore Grollemund, au violon (avec qui Nicolas collabore régulièrement), et François Virot (Clara Clara, Reveille), les deux derniers ayant déjà joué sur le très réussit « Lost A Home », album de 2017.
« Addio Al Passato », la rencontre magnifique entre des sonorités orientales et le meilleur du rock seventies. Comme un pont souvent emprunté entre l’orient et l’occident. Une alchimie simple, évidente, sans parade. Les habitués du projet y retrouveront l’ambiance de « Lost A Home », mais ce nouvel album va plus loin. Si le saz, et certaines gammes de violons et de voix nous font voyager du coté de la Perse, l’amateur de rock psychédélique ne sera pas en reste. Il y a ici de la vibration électrique, de l’énergie, mais la colère s’est tut.
Si la plupart des morceaux sont en anglais, l’un des grands tour de force est, pour moi, l’utilisation du français, que Nicolas fait sonner comme une langue orientale (« Sur une ligne droite », ou « le tour du jardin » avec cette sublime nouvelle version). Une voie particulièrement convaincante, même si l’anglais fonctionne évidemment à merveille lui aussi.
On retrouve avec ce nouvel album les recherches de rapprochement entre l’orient et l’occident des seventies, mais il n’y a ici aucun passéisme ni enlisement insupportable comme avec le rock progressif. La force d’« Addio Al Passato » est bien d’être ancré dans son temps, et de réunir diverses influences sans volonté de paraitre, ou de forcer. On sent que le projet à définitivement trouvé son univers propre, laissant autant de place à l’énergie rock qu’à la volonté de nous faire voyager. Et nous en sommes, en tant qu’auditeurs, les premiers récompensés.
Dansons maintenant.